Après un 14 juillet 2020 de tous les interdits à cause du Covid, la Fête nationale aura de nouveau des airs de normalité en 2021.
Le public pourra assister aux feux d’artifice et aux défilés et cérémonies dans le respect des gestes barrières et en certains lieux du déjà célèbre « pass sanitaire ».
Fête nationale française depuis 1880, le 14 juillet commémore dans la mémoire collective la prise de la Bastille de 1789 mais historiquement, c’est un événement moins connu qui est célébré : la fête de la Fédération de 1790.
Le 14 juillet 1789 : la prise de la Bastille
Les États généraux composés de représentants de la noblesse, du clergé et du tiers-état demandent une réforme profonde des institutions et, le 9 juillet, ils proclament l’Assemblée nationale constituante.
Le roi Louis XVI fait alors venir en secret des régiments suisses et allemands à proximité de Versailles. La rumeur enfle que ces troupes se préparent à entrer dans Paris pour arrêter les députés.
Le 12 juillet, le député Camille Desmoulins harangue la foule qu’il appelle à réagir.
Au matin du 14 juillet, des Parisiens en armes s’emparent de la vieille forteresse royale de la Bastille.
Ils entament sa démolition, ne libérant que quelques prisonniers et malfrats sans envergure. Mais cette vieille prison médiévale incarne l’arbitraire de l’Ancien régime.
Cette journée qui marque le début de la Révolution restera dans les mémoires comme un jour de liberté.
La fête nationale fait aussi référence à autre événement moins connu : la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
Le 14 juillet 1790 : fête de la Fédération
Le 15 juillet 1789, Louis XVI nomme La Fayette commandant de la garde parisienne qui est chargée de canaliser les mouvements populaires et assurer la protection des Parisiens.
Des milices se créent dans chaque ville sur le modèle de la garde nationale de Paris. Des fédérations locales et régionales de gardes nationaux se répandent dans tout le pays. La Fayette incite à organiser pour le premier anniversaire de la prise de la Bastille une fête nationale célébrant cette fédération : proposition acceptée par l’Assemblée.
(100 000 Parisiens au Champ-de-Mars pour la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790)
La fête se déroule à Paris, au Champ de Mars aménagé en cirque antique, avec en son centre, un autel dédié à la Patrie.
Les fédérés défilent avec leurs drapeaux, le roi est placé sous un chapiteau (à droite sur la toile), face à lui, un arc de triomphe.
Une messe est célébrée par trois cents prêtres qui prêtent serment.
Le marquis de La Fayette arrive sur un cheval blanc et prononce le serment de la garde nationale : fidélité à la Nation, à la loi et au roi, engagement à maintenir la nouvelle Constitution.
Les députés des quatre-vingt-trois départements assistent à la fête. Louis XVI intervient comme chef de l’exécutif pour prêter également serment à la Constitution et s’engager à appliquer et respecter la loi.
L’enthousiasme de la première fête de la fédération disparait lors de la suivante en 1791. La méfiance liée à la fuite du roi à Varennes notamment, réduit la célébration à laquelle les députés ne s’associent pas !
Avec le 14 juillet 1789, la Révolution crée l’événement, avec le 14 juillet 1790, elle crée l’expérience festive.
1880 : le 14 juillet devient fête nationale
La Troisième République naissante, cherche à construire un nouvel imaginaire national, autour de symboles républicains, pour se consolider.
Après avoir déclaré la Marseillaise : hymne officiel, elle cherche une date pour servir de support à une fête nationale et républicaine. Le député Benjamin Raspail propose d’adopter le 14 juillet comme jour de fête nationale.
Si le 14 juillet 1789 (prise de la Bastille) est jugé par certains parlementaires comme une journée trop sanglante, la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790 permet d’atteindre un consensus. Cette date « à double acception » réunira tous les républicains.
La loi votée le 8 juin 1880 précise simplement que « La République adopte le 14 juillet comme jour de fête nationale annuelle », sans indiquer d’année de référence.
Le 14 juillet 1880, l’ancrage des rituels
En 1880, pour la première fête nationale, le ministre de l’Intérieur prescrit aux préfets de veiller à ce que cette journée « soit célébrée avec autant d’éclat que le permettent les ressources locales ». Un défilé militaire est organisé sur l’hippodrome de Longchamp devant 300 000 spectateurs. Il s’agit de montrer le redressement de l’armée française après la défaite contre la Prusse en 1870.
(La distribution des drapeaux, 14 juillet 1880 Gravure de Jules Rouff)
La célébration a lieu en présence des présidents de la République, de la Chambre des députés et du Sénat, des membres du gouvernement, des élus de la Nation, de délégations étrangères et des chefs militaires du pays. Sur l’estrade le président du Conseil des ministres, Jules Ferry, celui de la Chambre Léon Gambetta, celui du Sénat, Léon Say, remettent les drapeaux aux militaires.
Les républicains veulent reprendre en main une armée jugée hostile au régime.
Le 14 juillet devient une fête patriotique, militante, républicaine, anticléricale, une fête sans dieu avec des festivités dans l’espace public, avec orchestres, fanfares, banquets républicains et bals populaires.
Pour la première fois, l’Eglise est absente des cérémonies officielles.
De nos jours
Le 14 juillet est marqué par le traditionnel défilé militaire à Paris sur les Champs Elysées, devant le président de la République et sa cohorte d’invités.
D’autres défilés ou cérémonies militaires ont lieu dans la plupart des grandes communes françaises.
Le 14 juillet 1988 Théodore Monod, scientifique et humaniste, déclinait l’invitation de François Mitterrand à participer au défilé militaire de la Fête Nationale et il le faisait savoir par voie de presse en ces termes.
Les feux d’artifice et bals populaires (les non moins traditionnels bals des pompiers) sont également de la partie.
Une exception Bressane
Le village de Viriat, situé dans le département de l’Ain au nord de Bourg-en-Bresse, fête le 14 juillet au mois d’août depuis un arrêté municipal de 1880, afin de ne pas perturber les fenaisons.
RAD
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