Peu connu du grand public, grande figure de la Résistance en Ardèche (pseudos « Alphonse » et « André »), Raoul Galataud est décédé à 100 ans le 4 juillet 2020.
Hommage au fondateur du maquis FTP de l’Ardèche et à celui qui représentait la mémoire de la résistance ardéchoise.
Fils unique d’un ouvrier maçon? il nait à Saint-Vaury dans la Creuse, le 2 mai 1920.
Après avoir quitté l’école à 13 ans, en raison des difficultés économiques de sa famille, il apprend le métier de typographe.
De culture républicaine, laïque, athée, la famille Galataud n’avait pas d’engagement politique particulier. Son père était revenu des tranchées avec des sentiments farouchement antimilitaristes.
En 1936, année du décès de sa mère, Raoul Galataud demande à son employeur d’appliquer les lois sociales de juin 1936… Il est licencié et adhère au Parti Communiste Français.
Pour subsister il devient ouvrier agricole, puis travaille chez plusieurs imprimeurs. Lors de l’invasion allemande en 1939, il trouve refuge chez une tante.
En1940, il devient secrétaire national des Jeunesses communistes.
En janvier 1941, recherché par la police, il entre dans la clandestinité. Avec ses premiers faux papiers, il étoffe les réseaux d’accueil pour les militants pourchassés. Ses compétences professionnelles sont utilisées pour faire transiter du matériel et installer des imprimeries clandestines.
En février 1942, il est condamné par contumace à cinq ans de prison et vingt ans de privation des droits civiques.
En Ardèche
En février 1943, Raoul Galataud se rend en Ardèche où il trouve plusieurs gîtes, dont l’un chez un commerçant de Gilhoc.
Il y développe les premiers groupes de FTP (francs-tireurs et partisans) et organise les premières implantations de maquis à proximité de la vallée du Rhône.
Des attentats à l’explosif sont perpétrés contre la voie ferrée Lyon-Nîmes, des actions d’intimidation contre les éléments vichystes se multiplient dans la région de Tournon. Des bombes sont déposées aux domiciles de responsables de la Légion à Lamastre et à la caserne de gendarmerie de Tournon.
Il participe à la constitution du « comité de libération nationale de l’Ardèche ».
Chargé de la réorganisation d’une compagnie FTP dans la région de Saint-Donat dans la Drôme, il fournit une presse à épreuves demandée par Louis Aragon qui réside alors clandestinement dans cette ville.
Après la libération, Raoul Galataud crée une direction communiste propre à l’Ardèche avec une équipe de militants, il devient secrétaire fédéral du parti.
Dans l’été 1944, il avait rencontré une jeune Résistante, il l’épouse en 1945.
Après-guerre
Dans la période de l’après-guerre, son itinéraire demeure très lié à son engagement politique, mais en permanence il refuse de « faire carrière ».
En 1946-1947, il reprend son travail de typographe à Nîmes puis revient en Ardèche à Annonay comme rédacteur du Messager de la Renaissance cévenole, journal lié aux organisations locales de la Résistance puis repart dans le Gard
Secrétaire de la section locale du PC, il est emprisonné à Avignon durant un mois avec plusieurs centaines de mineurs lors des grandes grèves de 1948 réprimées par Jules Moch.
Devenu journaliste à La Marseillaise, à Alès, il réalise de nombreux reportages politiques, sociaux et culturels.
Mais son tempérament indépendant ne s’accorde pas avec l’appareil de la presse communiste, il reprend une nouvelle fois son métier d’imprimeur-typographe et devient secrétaire du syndicat des ouvriers du livre.
Il est ensuite élu conseiller municipal d’Alès de 1965 à 1978.
Retour en Ardèche
En 1980, à l’âge de la retraite, il se retire avec son épouse à Vallon-Pont-D’Arc dans leur maison familiale.
De retour sur sa principale terre de Résistance, il milite à l’ANACR (union nationale des anciens combattants de la résistance) et entreprend un travail de mémoire.
Principal rédacteur de la revue Le Mémorial de la Résistance en Ardèche, il écrit articles et contributions historiques, défendant les valeurs et l’esprit de son expérience de résistant et de militant.
Membre fondateur et secrétaire-archiviste de l’Association du musée départemental de la Résistance du Teil, il en est devenu le président d’honneur.
Fait Chevalier de la Légion d’honneur, il s’est éloigné du Parti communiste tout en restant fidèle sur le fonds aux idéaux de sa jeunesse.
RAD (sources diverses) – 07/2020
Quelle persévérance ! et quel parcours remarquable ! Un modèle inspirant à plus d’un titre…MERCI Monsieur Raoul Galataud et Joyeux 100 ans !
Je découvre grâce à votre article ce MONSIEUR en lettres majuscules. Un homme comme hélas on n’en trouve peu de nos jours!
RESPECT A LUI