Gouvernement et climat : 3,3 sur 10 selon la Convention citoyenne
Issue de Grand débat, créée en octobre 2019, la Convention Citoyenne pour le climat avait rendu sa copie le 18 juin 2020.
Composée de 150 personnes tirées au sort, elle avait pour mandat de définir une série de mesures permettant d’atteindre « une baisse d’au moins 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, dans un esprit de justice sociale ».
Le président de la République s’était engagé à reprendre 146 de leurs 149 propositions, il n’en avait rejeté que trois : la limitation de vitesse à 110 km/h, la taxe sur les dividendes et la modification du préambule de la Constitution.
Trois mois plus tard, cette promesse avait déjà du plomb dans l’aile. Un détricotage était en marche !
(Lire ou relire à ce sujet convention citoyenne pour le climat – des propositions enterrées )
Les 150 membres se sont retrouvés en visioconférence pour une ultime session du 26 février au 28 février 2021.
Invités à se prononcer sur la manière dont l’exécutif avait repris ou non leurs préconisations, leur verdict est cinglant. Après la non prise en compte de la plupart de leurs propositions, les sentiments de trahison et de colère prédominent.
Voici quelques-uns de leurs commentaires
- «Nos mesures ont été transformées en mesurettes ».
- «On est venu nous chercher pour faire un travail mais finalement, nos avis, ils n’en tiennent pas compte ».
- «Le gouvernement nous a méprisés. On a été pigeonné «.
Tous pointent du doigt le manque d’ambition du projet de loi Climat qui va être débattu, ce mois, à l’Assemblée.
Ils ont constaté que toutes les mesures significatives proposées avaient été abandonnées ou revues à la baisse. Le président de la République avait pourtant promis de transmettre « sans filtre » leurs propositions, soit au Parlement soit par référendum.
Invités à donner une série de notes pour évaluer comment les mesures de la Convention avaient été prises en compte, le scrutin s’est transformé en un vote sanction.
- Sur les six grands thèmes « consommer », « se nourrir », « se loger », « se déplacer », « produire et travailler », les notes ont tourné autour de 3/10.
- « Limiter les effets néfastes du transport aérien » a obtenu 2,8. Le gouvernement souhaite pourtant interdire les vols aériens si une alternative en train existe en moins de deux heures trente. La Convention proposait quatre heures.
- « L’introduction dans le droit d’un délit d’écocide », largement remanié par l’exécutif, a obtenu une note de 2,7/10, la régulation de la publicité 2,6.
- L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre sur les autoroutes et les voies rapides: 2,5. Dès juin dernier, la proposition phare de la Convention qui voulait limiter la vitesse sur les autoroutes à 110 kilomètres/ heure avait été abandonnée par l’exécutif.
A la question, les mesures du gouvernement permettront-elles de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre, la note est sans appel: 2,5 sur10.
À la question générale : « Quelle est votre appréciation de la prise en compte par le gouvernement des propositions de la Convention citoyenne ? », les citoyens ont sorti le stylo rouge et donné une note moyenne de 3,3/10.
La conclusion de la Commission est révélatrice de la crise démocratique actuelle. « Le filtre de l’argent a triomphé ». C’est un mauvais signal qui risque encore de nourrir la défiance vis-à-vis de la politique.
Consulter les Français, écouter plus et mieux les citoyens – la démocratie participative a de quoi séduire à condition qu’elle ne se résume pas à une simple opération de communication ou de sauvetage destinée à masquer les éventuels manquements d’un pouvoir.
Après le fiasco du fameux « grand débat » dont plus personne ne parle et dont on a même perdu les cahiers de revendications, voici les déboires de la « Convention citoyenne pour le climat » !
Et pourtant, c’est maintenant que tout se joue, la communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée mais le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique et surtout politique.
RAD 03/2021
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