Sous l’égide de Laurent Wauquiez pour qui le tout sécuritaire est un argument électoral de poids, le 19 juillet 2021, le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes a adopté un plan de sécurité prévoyant de mettre en place, « à titre expérimental, un premier dispositif de reconnaissance faciale » dans les gares et les trains régionaux.
Ce plan sur 6 ans (durée du mandat régional…) est doté d’un budget de 300 millions d’euros dont une large partie sera affectée à l’acquisition de nouvelles technologies de surveillance : caméras dernier cri, logiciels, postes de contrôle…
« Au titre des aides aux communes », par exemple, la région veut renforcer son « bouclier de vidéoprotection avec 10 000 caméras supplémentaires, en l’étendant à la vidéoprotection intelligente ainsi qu’à l’expérimentation de systèmes innovants » tels que « la technologie biométrique ».
En plus de l’équipement « systématique » en caméras des cars scolaires et interurbains, des gares routières et de leurs abords, des trains et des lycées, les « périmètres » de la vidéosurveillance seront étendus « à de nouveaux espaces » – sans en préciser lesquels !
Pour se justifier, convaincu que son dispositif est autorisé par la loi, Laurent Wauquiez a indiqué que la reconnaissance faciale ne serait mise en place que pour « accompagner le travail de la police » dans les transports régionaux !!!
Le sujet fait polémique et soulève des problèmes de légalité que semble oublier l’exécutif régional nouvellement élu.
Si la vidéosurveillance sur la voie publique est encadrée par la loi, en revanche, en ce qui concerne l’intelligence artificielle dont fait partie la reconnaissance faciale, rien n’existe…encore !
La directive Police-Justice conditionne le traitement des données biométriques à trois critères :
– répondre à une « nécessité absolue »,
– ne pas compromettre « les droits et libertés de la personne concernée »
– et être encadré par la législation européenne ou celle de l’État membre.
La reconnaissance faciale que souhaite imposer Laurent Wauquiez ne remplit aucun de ces trois critères. À ce jour, elle souffre d’un problème de légalité.
Le tribunal administratif de Marseille a d’ailleurs récemment jugé que la mise en place d’un dispositif de contrôle d’accès « par comparaison faciale » à l’entrée de deux lycées ne respectait pas le règlement sur la protection des données et constituait, un « excès de pouvoir ». D’autres dossiers de ce type sont en cours d’instruction par la Justice.
Pourtant des dispositifs de reconnaissance apparaissent en catimini un peu partout sous forme d’expérimentations : trois jours pendant le carnaval de Nice en 2019, dans des stades de foot, à Rolland Garros…
Un projet est en gestation pour les jeux olympiques à Paris en 2024 avec à la clef un marché de 7 milliards d’euros.
Le flou juridique qui entoure la reconnaissance faciale contrarie encore ses promoteurs qui ne savent pas vraiment comment développer leurs technologies en respectant les lois.
Le tout sécuritaire est bien dans l’air du temps et sera sans aucun doute au programme de maints candidats à la prochaine élection présidentielle et peut-être même dans la surenchère !
Et si la reconnaissance faciale n’était que l’arbre qui cache la forêt: celle de la surveillance biométrique qui consiste en l’analyse de démarche, de comportements dans la foule, détection d’émotions, suivi de silhouettes ou d’individus, captations sonores ???
Voir ce reportage d’Arte tous-surveillés-7-milliards-de-suspects
Cette enquête dresse le panorama mondial de l’obsession sécuritaire. Le documentaire a reçu le prix Albert Londres de l’audiovisuel 2020.
« Aujourd’hui, plus de 500 millions de caméras sur la planète offrent aux autorités la capacité de nous surveiller, à peu près partout et à chaque instant ».
RAD
Et des caméras au Mézenc pour savoir si ses invités sont bien contents et ont l’ai béat lors d’une de ses « montées » ?