La rue Frédéric Nodin est communément appelée « la digue » par les Lamastrois.
Les plaques précisent : Frédéric Nodin « promoteur de la digue » et l’on voit bien que cette rue court sur une élévation parallèle à la rivière, une digue qui protège Lamastre des colères du Doux.
Qui est ce Frédéric Nodin et en quoi est-il le promoteur de cette digue ?
Frédéric Nodin nait en 1831 d’un père qui fut le premier facteur de Lamastre.
Il commence sa carrière professionnelle en 1848 comme commis de perception, puis entre aux Ponts et Chaussées.
En 1858 il crée la Société de Secours Mutuels de Lamastre « l’Union des Familles ».
Il sera négociant, teinturier, agent d’assurances, recevra le titre d’Officier du Mérite Agricole.
Outre ces différents métiers, il sera correspondant du journal « Lyon Républicain », conseiller municipal, délégué cantonal de l’éducation.
Il ouvrira aussi le premier cinéma de Lamastre dans les caves de sa teinturerie-filature (ancienne huilerie Rochedieu) !!!
Il apportera également son concours à la création de l’harmonie Fanfare de Lamastre qui voit le jour en 1880.
La digue
Lamastre s’est développée aux dépends de Macheville et du Peychélard, trop à l’étroit sur leurs escarpements, à partir du hameau du Savel situé dans une petite plaine inondable dès la moindre crue ; il faut donc chercher à se protéger.
La première digue, en terre et cailloux, est achevée en 1844 (suite à une ordonnance royale de 1841), mais la crue de 1851 l’endommage.
Une nouvelle crue les 8, 9 et 10 septembre 1857 aura raison de la digue et envahit Lamastre.
Suite à l’intervention du conseiller général Charles Seignobos auprès de l’empereur Napoléon III, en 1858 , est bâtie une nouvelle digue, en pierres cette fois-ci, sous l’autorité de Marius Bouvier, ingénieur
Elle résistera aux crues de 1865 et 1878.
Nouvelle crue les 22 et 23 septembre 1890, Lamastre comptait alors 3 500 habitants : le Doux endommage cette fois-ci la voie ferrée en construction à l’entrée sud de Lamastre, avant la gare. La compagnie des chemins de fer construit une protection sur cette portion menacée et la ligne s’arrêtera pour l’instant à Lamastre.
Sous la surveillance de Frédéric Nodin, chef de chantier, l’ouvrage est reconstruit en le reculant de 40 mètres par rapport à la précédente digue pour donner au Doux plus de place pour s’écouler.
Cette largeur va nécessiter de doubler la longueur du pont qu’on s’apprêtait à construire, ce qui lui permettra de résister notamment à la crue d’août 1963.
C’est alors qu’intervient Frédéric Nodin, en sa qualité de président du « Syndicat du Doux pour la défense de la plaine de Lamastre » qui regroupe tous les propriétaires de la zone inondable et qui est aussi conducteur de travaux aux Ponts et Chaussées depuis 1862.
Il propose, en 1897, à la compagnie du chemin de fer, son projet de prolonger la ligne jusqu’au Cheylard et de la faire passer sur la digue que nous connaissons aujourd’hui afin de protéger les terrains de la plaine qui ont pris de la valeur et où de nouvelles maisons ont vu le jour.
Les travaux débutent en 1898.
Le train partagera cet espace avec la route pendant de nombreuses années. Mais, en 1968, il cédera définitivement la place aux voitures et piétons.
La digue aujourd’hui
Des épaves de wagons du Mastrou occupent encore cette portion de digue qui soutenait aussi la voie ferrée.
RAD
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