L’appel à la désertion de jeunes diplômés

 

De plus en plus de jeunes étudiants dans un parcours de hautes études remettent en cause le système et les parcours professionnels offerts par le modèle technocrate de nos sociétés. Les décisions prises par ce monde capitaliste les effraient et ils les remettent en question. Certains décident de déserter et même appellent à la désertion.

 

La remise des diplômes AgroParisTech 2022 en est un exemple stupéfiant, je vous laisse à travers cette vidéo découvrir leur message.

 

 

Dans une autre veine, un ouvrage récent d’étudiants en sciences à Grenoble aussi dénonce le lien entre le complexe militaro-industriel français et l’Université. « L’université désintégrée » édité par la Bibliothèque Antigone

 

 

 

 

Le groupe Grothendieck se livre à un décorticage argumenté et truffé d’exemples de ce que l’université déverse de cerveaux, d’innovation, de discours pour l’armée.

À l’inverse le livre démontre que l’Université, loin des beaux discours humanistes et des rêves du Savoir à portée émancipatrice, est le bastion depuis le début de l’ère industrielle, de l’intelligence générale pour le capital et que le capital c’est avant tout la guerre !

 

 

 

Si ces jeunes doivent construire le monde de demain, ce sera d’abord en bouleversant ce monde capitaliste et les emprises toxiques des grandes multinationales…

 

Rodolphe

 

6 commentaires sur L’appel à la désertion de jeunes diplômés

  1. Je suis horrifié à la lecture de ces propos ou le savoir et la science sont critiqués et condamnés comme responsables de tous les méfaits de ce système capitaliste.
    Titulaire de trois CAP consécutifs, il m’a fallu une demi vie pour arriver difficilement au niveau de ces jeunes sans pour autant abandonner mes idées et principes de vie.
    Le savoir et la science sont neutres, c’est ce que l’on en fait qui peut être critiquable.
    Les anciens dont je suis, l’avaient bien compris, plaçant toutes leurs espérances dans l’acquisition du savoir seul outil capable de pouvoir transformer leurs vie et la société.
    Être instruit et diplômé ne nous mets pas obligatoirement et systématiquement dans une quelconque catégorie. On n’en devient pas idiot pour autant, c’est notre engagement personnel qui nous y classe.
    La prise de conscience des méfaits dans notre monde, devrait au contraire nous inciter a nous battre avec des compétences et capacités d’actions accrues.
    Être boulanger ou autre a du sens, il y en a tout autant a être ingénieur et se battre pour la même cause.
    La société a laquelle nous aspirons,a besoin des uns et des autres . La bataille politique, se livre avec tous quelle que soient les compétences, titres et pouvoirs.
    Alors ce défaitisme devant l’acquisition du savoir, qui est aussi outil du pouvoir, va à l’encontre de notre démarche de reconquête et de transformation de notre monde.
    Si l’école n’est pas bonne, il faut la transformer, mais pas la détruire ,comme il faut remplacer les hommes corrompus au pouvoir. Il n’y a plus de guillotine !
    Il faut se rappeler les autodafés pratiqués par tous les régimes totalitaires, évitons de tomber dans les mêmes pratiques.

    • Je n’entends pas tout à fait comme vous l’intervention des ces jeunes diplômés. Ils ne remettent pas en question le savoir et la science, mais les objectifs des directions choisies pour la recherche dans les métiers offerts par cette branche. La transformation de ce monde en transition est juste tenaillée par des grosses multinationale qui veulent pousser les hautes-technologies dans tous les secteurs avec un soucis de rendement qui peut avoir des conséquences néfastes.

      Si vous écoutez bien jusqu’au bout leur déclaration, ces jeunes ont tous trouvé une activité avec du sens en accord avec leur convictions, ce qui ne les empêchent pas d’être aller au bout de leurs études avec brillo.

      Ce qui est dénoncé est plus grave et plus profond, l’emprise des lobbies et des complexes militaro-industiels dans l’enceinte du cadre de l’éducation universitaire ou d’autres écoles de hautes études qui forment des cerveaux à une vision d’une transformation du monde qui peut sembler dénuer de sens devant les désastres humains et sociaux provoqués par leur logique capitaliste.

      L’esprit de reconquête et de transformation de notre monde proposé par des hautes instances et les pouvoirs peuvent ne pas être en accord avec une injustice sociale et environnementale qui s’accroît. Devant ces défis, le système ne semble pas écouter des experts qui crie au loup. Mais loin d’être défaitistes, ils se dirigent vers des alternatives avec du sens.

  2. Je salue le courage de ces jeunes et de tous ceux qui oseront dire non aux patrons véreux. Contrairement aux critiques d’Alain, moi qui suis à la fin de ma carrière, j’ai enfin pris l’initiative de repenser ma facon de vivre, plus près de la nature, éloignée du consumérisme et de l’esclavage moderne, et comme tous ces étudiants, j’invite chacun de nous à se poser les bonnes questions. La planète nous permet de vivre, nous devons en prendre soin, c’est tout ce qu’il y a à retenir. Le capitalisme néolibéral est effectivement organisé autour du complexe militaro-industriel, des multinationales qui s’affranchissent des lois et de nos élus corrompus. L’appel à déserter vaut autant pour moi aujourd’hui que l’appel à résister du Général De Gaulle en 44. Il symbolise un tournant dans l’histoire, une réflexion généralisée chez la jeunesse, qui va emmener avec elle une grande partie du corps social à bout de souffle, ponctionnée et épuisée par le capital. A partir d’aujourd’hui, nous refusons de servir nos maitres, car nous n’avons aucunement besoin d’eux pour vivre simplement. Le message est passé. Merci à tous ceux qui ont initié cette prise de conscience, et merci à tous ceux qui vont les suivre et les soutenir.

  3. Le geste de ces étudiants ne manque pas de panache, de grandeur, et témoigne de leur fort engagement dans la défense de leurs idées. Pourront-ils poursuivre ?
    L’analyse de leur action amène cependant quelques remarques.
    Depuis longtemps, la recherche dite fondamentale, les états ne veulent ou ne peuvent plus l’assumer. Ce sont alors les industries qui ont pris le relais, et financent une recherche dite appliquée qui est logiquement orientée sur des projets qui vont bonifier ces financeurs. Difficile de les critiquer.
    C’est alors aux différents gouvernements à sélectionner et apprécier le bien fondé de ces recherches pour la nation. C’est bien à eux à proposer et soutenir des projets nationaux, et moduler les aides à travers ce critère d’intérêt national.
    Nos sociétés se sont mises au service des grosses entreprises : les écoles avec des étudiants bien formés pour eux, des réseaux de transports adaptées et payés pour eux, idem pour l’énergie à prix réduits…Rien ne doit entraver leur fonctionnement et leurs bénéfices.
    Depuis longtemps,il existe de fortes diminutions, provoquées, d’étudiants de classes modestes, dans les grandes écoles. Certaines n’en n’ont même plus,et ce sont cependant les points de départ de carrières industrielles ou politiques.
    Dans la société française, la hiérarchie est basée sur les diplômes. Sans eux, difficile de postuler dans des postes de responsabilité.
    Pour ces jeunes dont je comprends la réaction, sans pour autant la valider, ce n’est pas l’entreprise qui est en cause, mais bien plutôt les gouvernements complices qui les laissent agir à leur place.
    Avec leurs compétences acquises, il me parait logique, indispensable même, de devoir prendre leurs places dans les sphères de décisions et de gouvernances politiques et industrielles.
    Rien ne changera sans eux !

  4. Bonjour Alain,
    En réponse, je vous conseille vivement cet article sur Reporterre La désertion, germe d’une contre-société.
    Et peut-être aussi pour plus de compréhension le manifeste des Désert’Heureuses. C’est tout un mouvement sociétal justement qui se construit pour riposter à un système sclérosé qui a atteint ses limites.
    Il doit bien y avoir, comme il y a toujours eu, des personnes qui vont avoir cette démarche étatique de vouloir changer les choses de l’intérieur en s’impliquant politiquement, mais nous savons tous comment ils risquent de ne pas avoir beaucoup de poids ou serons désillusionnés, voire vite exclus…
    Cela me rappelle une affiche de l’Atelier des Clots avec une représentation de la partie de cartes de Marcel Pagnol ou Marius dit:
    «Si la politique devait changer quelque chose, elle serait interdite depuis belle lurette…»
    Ces jeunes ont choisi d’agir, dans l’urgence, et les changements qu’ils mettent en œuvre, dans un contexte de résistance, sont peut-être plus efficaces que des décisions politiques.

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