Sous la pression des lobbies de l’agrochimie, la Commission européenne est en train de saboter l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles votée par le Parlement français en juillet dernier.
Le 20 juillet dernier, l’Assemblée nationale et le Sénat avaient adopté la loi « Biodiversité », qui prévoit une interdiction des pesticides néonicotinoïdes tueurs d’abeilles à partir de 2018.
Cette interdiction avait été arrachée de haute lutte par les associations, les apiculteurs et les citoyens, appuyés par quelques députés courageux, après des années de bataille contre les lobbies de l’industrie agrochimique, et une pression gigantesque sur les institutions politiques et parlementaires.
Il ne restait plus qu’à signer le décret d’application pour que l’interdiction soit définitivement adoptée et qu’on arrête dans quelques mois de répandre dans les champs ces substances responsables de la mort de millions d’abeilles et de pollinisateurs sauvages…
Mais pour que le gouvernement puisse signer le décret, la Commission européenne doit donner son feu vert.
Une opportunité en or pour les multinationales de l’agrochimie, qui se sont engouffrées dans la brèche avec leurs bataillons de lobbyistes, pour convaincre la Commission d’empêcher l’interdiction des tueurs d’abeilles en France.
L’enjeu est énorme pour eux : une interdiction en France créerait un précédent qui pourrait ensuite être étendu à toute l’Europe.
Des milliards de profits en moins pour ces énormes multinationales !
Syngenta, Bayer et consorts ont submergé la Commission d’argumentaires juridiques dénonçant la non-conformité de l’interdiction votée en France avec la réglementation européenne (les tueurs d’abeilles sont autorisés en Europe, donc ils ne peuvent pas être interdits en France…).
Pas une seule association de citoyens et de défenseurs de l’environnement n’a été consultée !
Les ministres français de la Santé, de l’Environnement et de l’Agriculture qui portent ce dossier, ainsi que le premier ministre, doivent maintenant répondre à la Commission Européenne et faire appliquer la loi votée par les parlementaires français.
Si le gouvernement cède aux lobbyistes et à la Commission, l’agrochimie aura de beaux jours devant elle pour faire fructifier ses bénéfices au détriment de la nature et du système alimentaire et de la santé.
Sans les abeilles pollinisatrices, ce sont plus de 80 % des fruits, légumes et plantes que nous consommons au quotidien qui disparaissent… Les pollinisateurs sont LE maillon-clef de la chaîne alimentaire.
Plusieurs associations dont « Pollinis », demandent au nouveau Gouvernement de résister à la menace de la Commission européenne et de faire appliquer l’interdiction des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles telle que prévue par la loi française.
Une pétition est en ligne que vous pouvez consulter et signer en cliquant sur ce lien
Elle s’adresse:
- au Premier ministre, Édouard Philippe,
- au Ministre de la Santé, Agnès Buzyn,
- au Ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot,
- au Ministre de l’Agriculture, Jacques Mézard.
Les Néonicotinoïdes – qu’est ce que c’est ?
Ils sont une classe de produits toxiques employée comme insecticide . Ces substances sont utilisées principalement en agriculture pour la protection des plantes (produits phytosanitaires) mais aussi par les particuliers ou les entreprises pour lutter contre les insectes dits nuisibles.
Leur faible biodégradabilité, leur effet toxique persistant et leur diffusion dans la nature (migration dans le sol et les nappes phréatiques) commencent au bout de vingt ans à poser d’important problèmes d’atteintes à nombre d’espèces vivantes :
- insectes (abeilles, papillons…),
- prédateurs d’insectes (oiseaux, souris, taupes, mulots, chauve-souris),
- agents fertilisants des sols (vers de terre).
Une étude conduite sur des rats publiée en 2012 démontre que les néonicotinoïdes pourraient affecter défavorablement la santé humaine, spécialement le développement du cerveau.
Tueurs d’abeilles
Ces substances ont été introduites dans les cultures européennes dans les années 90.
En 2012, deux articles scientifiques, l’un français, l’autre britannique démontraient que ces familles de pesticides avaient un impact nuisible sur les butineuses ainsi que sur leurs cousins bourdons, et ce, même à faibles doses.
Lors de son dernier bilan, le 15 mars 2015, l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf) recensait entre 30 % et 60 % de perte en miel dans certains départements, alors « que le taux de mortalité des abeilles ne dépassait pas 5 % avant 1995, il est aujourd’hui de 30% ».
L’emploi de plus en plus large des néonicotinoïdes est l’un des responsables de l’hécatombe selon eux, avec les frelons asiatiques.
« Les abeilles sont vitales à notre écosystème et contribuent à plus de 22 milliards d’euros chaque année dans l’agriculture européenne ».
(Sur le même sujet: Pesticide – quand tu nous tiens !!!)
RAD
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