Nous publions ici des extraits d’un article de Manon Rescan paru dans Le Monde du 14 septembre 2017.
Une mission parlementaire sur les Ehpad dénonce une situation grave pour les aides-soignantes. La profession connaît un taux d’accident du travail de deux fois supérieur à la moyenne nationale.
Le constat est « sans appel », a résumé Brigitte Bourguignon, présidente (LRM) de la commission, tant le rapport est accablant.
(Des personnels en grève de l’Ehpad des « Opalines » à Foucherans dans le Jura)
Un mois et demi de grève de ces aides-soignantes a mis en lumière les conditions de travail difficiles dans les établissements d’accueil et de soins des personnes âgées.
Le rapport indique que les conditions de travail sont « particulièrement préoccupantes tant d’un point de vue physique que psychologique », notamment pour les aides-soignantes. La profession connaît un taux d’absentéisme moyen de 10 % et un taux d’accident du travail de deux fois supérieur à la moyenne nationale, plus important que dans le secteur du BTP.
La médicalisation des établissements, poursuit le rapport, est « insuffisante », un tiers des établissements sont dépourvus de médecin coordonnateur, tandis qu’une grande majorité des Ehpad n’ont pas d’infirmier de nuit, ce qui est « souvent la cause d’hospitalisations en urgence qui auraient pu être évitées ».
Le système de tarification est par ailleurs qualifié de « kafkaïen », mixant des dépenses régionales, départementales et individuelles, tandis qu’un décret de décembre 2016 qui devait normaliser les financements au niveau territorial a conduit à des « équations tarifaires extrêmement complexes » qui « conduisent à accentuer des inégalités territoriales » et suscite une « levée de boucliers de l’ensemble des acteurs du secteur public auditionnés ».
La concrétisation du travail de cette mission n’est pas encore acquise.
Une première série de recommandations est aujourd’hui sur le bureau de la ministre de la santé, Agnès Buzyn, à qui les députés demandent la mise en place à court terme d’un groupe de travail sur l’évolution des missions des aides-soignants et la revalorisation de leur statut.
Ils invitent également la ministre à prendre des mesures afin d’imposer la présence d’infirmiers de nuit dans les Ehpad mais aussi que le secteur fasse partie de ceux qui seront « prioritaires » dans l’allocation des derniers contrats aidés.
A moyen terme, la commission devrait déboucher sur l’ouverture d’une mission qui s’articulera autour d’une enquête de terrain axée sur l’organisation des ressources humaines dans les Ehpad.
Elle « devra notamment se pencher sur la possibilité d’instaurer une norme minimale d’encadrement », inexistante en France, contrairement à d’autres pays européens.
Dans l’Hexagone, la moyenne est de 55 professionnels pour 100 résidents quand un seuil d’au moins 80 est jugé plus acceptable.
Ce travail ne commencera « pas avant novembre »… en vue d’une éventuelle proposition de loi ou de dispositions à inscrire dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale de l’automne 2018.
Un délai que regrette la députée de La France insoumise Caroline Fiat pour qui il s’agit là d’une « urgence sanitaire ».
Gageons que ces recommandations seront suivies d’effet !!!
RAD
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