La Drôme et l’Ardèche sont en alerte face aux pollens d’ambroisie. Un pic de pollinisation est prévu vers la mi-août.
Dans les deux départements 10 à 15 % de la population est touchée par les allergies à l’ambroisie.
En Auvergne-Rhône-Alpes, chaque année, les dépenses de santé liées à ces allergies atteignent presque 41 millions d’euros.
« Les yeux qui piquent, qui larmoient, les éternuements toute la journée, la toux, la gorge qui gratte… c’est l’horreur ! »
Ambroisie: nombreuses campagnes d’information – mais agit-on vraiment ?
L’Ambrosia artemisiifolia, l’ambroisie à feuilles d’armoise, communément appelée Ambroisie est une plante envahissante qui est apparue pour la première fois en France à la fin du XIXe siècle. Elle provient d’Amérique du Nord et l’Homme est le vecteur principal de son introduction et de son expansion.
Elle pousse préférentiellement dans les cultures de printemps et plus particulièrement le tournesol, les terrains abandonnés, les friches, le long des routes, des voies ferrées, des vergers…
Les graines d’ambroisie ne sont pas pourvues de dispositifs permettant leur transport par le vent. Par contre, elles peuvent être entraînées par l’eau et elles peuvent coller à la terre transportée par les semelles des souliers, les pneus des camions et tracteurs, et tous les engins qui travaillent le sol.
La plante présente un port aérien et peu dense. Sa hauteur de croissance dépend de la nature du sol et de son environnement. La hauteur d’une plante en fleurs peut varier de 10 à 180 cm.
Les transports de terres contaminées contribuent fortement à la dissémination des graines.
En retournant la terre soit pour cultiver, soit lors de chantiers, l’homme fait remonter des graines d’ambroisie en surface, permettant ainsi leur germination.
Ambroisie : le prix à payer
Le pollen de l’ambroisie est très allergisant, il suffit de quelques grains par mètre cube d’air pour que les symptômes apparaissent.
Depuis environ 20 ans, l’ambroisie est en pleine expansion et colonise une grande partie de la France. Les pollens sont libérés d’août à septembre avec généralement un pic vers la mi-août.
14,2 millions d’euros, c’était la facture de l’ambroisie pour la Sécurité Sociale en Rhône – Alpes en 2011, elle atteint aujourd’hui 41 millions.
En trois ans la population allergique a augmenté de 72 % et les dépenses associées de 90 %.
L’ambroisie représente une menace sanitaire et économique. L’évolution constatée ne fait que rappeler l’urgence d’une action coordonnée par l’Etat auprès des collectivités locales, pour venir à bout de ce fléau.
Multiples plans d’actions
La lutte contre l’ambroisie est inscrite dans le second Plan national santé-environnement 2009-2013.
Le 21 juillet 2011, a été mis en place un observatoire interministériel sous l’égide des ministères de l’Agriculture, de l’Écologie et de la Santé.
Le 5 décembre 2013, les députés ont examiné une proposition de loi visant à lutter contre l’ambroisie.
Le texte prévoyait notamment d’inscrire cette plante invasive « sur la liste des organismes nuisibles contre lesquels la lutte est obligatoire, de façon permanente, sur tout le territoire national, dès leur apparition et quel que soit leur stade de développement« .
A l’issue de l’examen en séance publique, aucune loi n’a été adoptée !!! Proposition de texte trop contraignante ou engageant trop de secteurs ???
Mais un comité parlementaire a été créé !!! : A quoi sert-il, qui le compose ???
Les campagnes d’information se succèdent chaque année sur un même thème récurrent »Signalez sa présence » .
Mais que se passe-t’il après un signalement – en général pas grand chose et très peu d’arrachages !
Et la prolifération de l’ambroisie se poursuit…
Quelques exemples de campagne :
Qui a par ailleurs déjà entendu parler d’un référent dans les communes (tel qu’annoncé dans une campagne de communication).
Il parait que ce référent existe … Comment peut – il coordonner la lutte pour l’élimination de la plante, auprès de qui ???
Toutes ces campagnes font régulièrement appel à la responsabilité individuelle.
Législation en vigueur
Il n’existe aucun texte spécifique législatif ou règlementaire sur la lutte contre l’ambroisie. Le statut de la plante relève de textes généraux issus du Code de la Santé Publique et du Code des Collectivités Territoriales.
L’organisation de lutte contre sa prolifération relève essentiellement de procédures mises en œuvre au niveau local (Régions, Départements, communes, intercommunalités)
– Arrêtés préfectoraux spécifiques ambroisie
Des arrêtés préfectoraux spécifiques à l’ambroisie ont été publiés dans certains départements dont celui de l’Ardèche. Ces arrêtés indiquent :
» …les propriétaires, locataires, ayant-droit ou occupants à quelque titre que ce soit, (y compris agricoles) ainsi que les gestionnaires des domaines publics de l’État et des collectivités territoriales, et les responsables des chantiers de travaux, sont tenus :
– de prévenir la pousse des plants d’ambroisie,
– de nettoyer et entretenir tous les espaces où pousse l’ambroisie.
En cas de défaillance des intéressés, les Maires sont habilités à faire procéder, aux frais de ceux-ci, à la destruction des plants d’ambroisie.«
Arrêtés préfectoraux sur les jachères
Par ailleurs, dans certains départements, ont été publiés des arrêtés préfectoraux fixant les règles d’entretien des parcelles mises en jachère. Ils comportent une mention spécifique à la lutte contre l’ambroisie.
– Arrêtés préfectoraux « Espèces végétales indésirables ou nuisibles »
De même, des arrêtés prescrivant la destruction obligatoire des espèces végétales indésirables ou nuisibles imposent la destruction, avant floraison et montée à graine, de certaines espèces dont l’ambroisie, sur les parcelles agricoles et non agricoles.
Ci-dessous un extrait de l’arrêté du Préfet de l’Ardèche.
A R R Ê T E
ARTICLE 1. : Afin de juguler la prolifération de l’ambroisie et de réduire l’exposition de la population à son pollen, les propriétaires, locataires, ayants-droit ou occupants à quel titre que ce soit, sont tenus :
- de prévenir la pousse de plants d’ambroisie,
- de nettoyer et entretenir tous les espaces où pousse l’ambroisie.
ARTICLE 2. : Sur les parcelles agricoles en culture, la destruction de l’ambroisie devra être réalisée par l’exploitant jusqu’en limites de parcelle (y compris talus, fossés, chemins, etc…). Il devra mettre en œuvre les moyens nécessaires : fauche, broyage, désherbage chimique ou toute autre méthode adaptée.
ARTICLE 3. : L’obligation de lutte contre l’ambroisie est également imposée aux gestionnaires des domaines publics de l’Etat et des Collectivités Territoriales, ainsi qu’aux exploitants d’ouvrages linéaires, en particulier des voies de communication.
ARTICLE 4. : La prévention de la prolifération de l’ambroisie et son élimination sur toutes terres rapportées, sur tout sol remué lors de chantiers de travaux, est de la responsabilité du maître d’ouvrage.
ARTICLE 5.: Les techniques de prévention et d’élimination suivantes doivent être privilégiées : végétalisation, arrachage suivi de végétalisation, fauche ou tonte répétée, désherbage thermique.
La mise en œuvre éventuelle de moyens de lutte chimique devra utiliser exclusivement des produits homologués en respectant les dispositions relatives à leur application (arrêté ministériel du 25 février 1975 susvisé). Le produit ayant le plus faible impact sur l’environnement sera privilégié.
La lutte chimique ne sera pas utilisée dans les périmètres immédiats et rapprochés des captages, à l’exception du traitement des cultures qui devront respecter les prescriptions relatives à la protection des captages.
ARTICLE 6. : L’élimination des plants d’ambroisie doit se faire avant la pollinisation. Elle doit avoir lieu, si possible, avant la floraison et au plus tard au 1er août de chaque année. Suivant le mode d’élimination choisi, des interventions ultérieures supplémentaires peuvent être nécessaires en raison de phénomènes de repousse.
ARTICLE 7. : Tout contrevenant aux dispositions du présent arrêté sera passible de poursuites en application des dispositions du Code de la Santé Publique.
En outre, en cas de défaillance des occupants, le Maire pourra faire procéder à la destruction des plants d’ambroisie aux frais des intéressés, en application des dispositions des articles L 2212-1 et L 2212-2 du Code Général des Collectivités Territoriales.
ARTICLE 8. : Le Secrétaire Général de la Préfecture de l’Ardèche, les Sous-Préfets des arrondissements de Tournon-S/Rhône et Largentière, les Maires, le Directeur Départemental des Affaires Sanitaires et Sociales, ainsi que les officiers de police judiciaire, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera affiché dans toutes les communes du département et inséré au Recueil des Actes Administratifs de la Préfecture de l’Ardèche.
(Fait à PRIVAS, le 12 juillet 2000)
L’arrêté Préfectoral est on ne peut plus explicite.
Son application est plus que réduite, voir nulle dans certains lieux et à tous les échelons concernés
Les responsabilités ne sont pas assumées.
Un nouvel arrêté de ce même préfet de l’Ardèche en date du 12 juillet 2019 vient compléter le précédent.
Il précise à nouveau le rôle
- des collectivités territoriales,
- des gestionnaires de l’espace public,
- de la profession agricole,
- des propriétaires,
- des maîtres d’ouvrage.
Il indique les modalités de lutte préventive et curative.
Sous préfets, maires, présidents de communautés de communes… sont chargés se son application. Que font-t-ils ???
Longues vies: rhinites, conjonctivites, trachéites, asthme, urticaire, eczéma … !!!
Mais on peut toujours signaler la présence d’ambroisie sur la plateforme signalement-ambroisie et prier pour son arrachage !
RAD
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