En toi la douleur est détruite, quand se montre la noble truite.
Prends pour exceller ton art, la ballotine de canard.
Tu veux te guérir de tes vices, mange le gratin d’écrevisses.
Si tu dois faire un joli don, farcis un tendre pintadon.
Qui chasse la hideuse haine ? C’est la glace norvégienne.
Tout chagrin s’égale à zéro, dès qu’on est chez Barattéro.
Ces quelques vers sont de l’écrivain Lamastrois André-Ferdinand Herold (1865-1940), ami des grands artistes de la fin du XIXème siècle et du début du XXème, tels Courteline ou Maurice Ravel.
Un des premiers restaurants trois étoiles
Joseph Barattero crée l’Hôtel du midi à Lamastre en 1928, après s’être formé à Londres auprès d’un grand maître de la cuisine: Auguste Escoffier.
Le restaurant est l’un des premiers à obtenir trois étoiles dans le guide Michelin, en 1933.
Pionnier de la gastronomie française, il est longtemps resté une référence pour les jeunes cuisiniers.
Spécialités d’alors: pâté de canard, chou farci, pain d’écrevisses, gratin et queues d’écrevisses.
Joseph Barattero décède en 1941, à l’âge de 54 ans.
Le Midi, comme on l’appelle dans la région, survivra au décès de son fondateur grâce au dévouement d’Elie Perrier, le second du maître entré en apprentissage en 1928 à l’âge de 14 ans.
Rose Barattero née Brunel lui confie les fourneaux dès après la guerre, la veuve de Joseph assurera l’accueil et le service jusqu’en 1976.
En 1986 Elie Perrier laisse les rênes à son fils, Bernard.
Depuis l’abandon de la partie hôtelière, l’établissement prend le nom de « Restaurant Le Midi Barattéro-Perrier », le nom du fondateur est conservé comme « marque de fabrique ».
Le lieu garde son charme intemporel, pas de fioritures dans la décoration ou la cuisine. Les spécialités sont d’ailleurs les mêmes que sous l’ère Barattero : pain d’écrevisses sauce cardinal, poularde de Bresse en vessie. Une simplicité qui n’empêche pas de conserver une étoile au guide Michelin.
Un critique gastronomique a écrit « un restaurant, un monument, sur la place centrale de son gros bourg – Une de ces hostelleries où l’on s’entend manger »,
(Salade de foie gras/ pain d’écrevisses)
Un autre écrivait en 2012:
« Le clocher de Lamastre sonnait 10 heures du soir quand la poularde en vessie fut servie tel un saint sacrement sur son plateau d’argent. Une poularde de Bresse, farcie de champignons et de foie gras, pochée dans un court-bouillon au vin blanc, estragon et noix de muscade, à peine relevé d’une pointe de cognac… Un chef-d’oeuvre du panthéon gastronomique »
Bernard Perrier déclarait en mars 2011 dans l’Hebdo de l’Ardèche « je ne travaille plus qu’avec mon épouse, alors qu’il y a eu jusqu’à douze salariés, il y a quelques années … la recherche d’un successeur n’est pas chose aisée… c’est difficile de faire venir des jeunes ici car beaucoup de commerces ferment, le Mastrou est arrêté, il y a moins d’attrait… Je serai triste de fermer sans qu’il y ait de repreneur. Le coup serait rude pour Lamastre et la gastronomie ardéchoise qui verraient filer une étoile qui brille encore ».
L’étoile a cessé de briller.
Ces murs au charme suranné propre aux demeures où l’on ne se soucie guère de l’air du temps ont connu une gloire internationale.
Depuis le 1er octobre 2016, au 22 place Seignobos, à l’emplacement du feu restaurant, désormais brille une croix verte qui signale l’enseigne de la nouvelle « Pharmacie du Vivarais » issue de la fusion des 2 officines locales.
« Hôtel du Midi » est toujours inscrit sur la façade.
L’enseigne Barattero a été remplacée par celle de la pharmacie .
RAD – 01/2017
je n ai jamais mangé dans ce haut lieu de la gastronomie.snif snif.
Du gratin d’écrevisse aux gélules de compléments alimentaires: triste destin !
Bonjour ,
La municipalité ne s’est pas mobilisée pour garder cet attrait pour la ville ?
A écouter cette émission « carnet de campagne » sur France Inter à 12h30 ( en repos pendant juillet et août ) et constater ce que des petits villages sont capables de faire lorsque la volonté , l’enthousiasme ,le souci de faire participer l’ensemble des habitants … sont présents , on peut penser que quasi rien n’est impossible.
Les photos m’ont émue. C’est toute mon enfance et mon adolescence qui sont remontées dans mes souvenirs, je me suis revue montant l’escalier de l’établissement avec ma mère pour apporter les morilles le mardi matin.
Quand j’ai commencé à travailler dans la Drôme en 1979 et qu’on me demandait d’où j’étais originaire : je répondais « de Lamastre »…et là on situait tout de suite le lieu en évoquant immédiatement le Restaurant Barattero et sa renommée ! Quel gâchis d’avoir laisser perdre une si belle étoile dans notre cher coin d’Ardèche ! A t’on tenté de soutenir une reprise pour faire perdurer ce lieu mythique, fierté des lamastrois ?…la tentative d’un financement participatif ou autre souscription l’aurait peut-être sauvé !!! On ne le saura jamais GRRR
1964 passé 1 semaine dans ce merveilleux restaurant. J’avais 20 elle avait 38 ans que de souvenirs. 12 ans de Gabon. Je passé 3 mois de vacances et je venais mangé y remanger souvent. Mes souvenirs de cette poularde en vessie et aussi du gratin de homard au champagne. Déçu de voir qu’une pharmacie est pris la place.
Des que ça rouvre, je réserve…
En attendant la réouverture… les propriétaires actuels vous concocteront bien un petit menu sur ordonnance …de plus il peut être remboursé par la Sécu ! Vous pourrez manger et même être testé gratuitement selon vos désirs !!!
Quel souvenir de ce restaurant où j’y est travaillée en 1986 quel gâchis,des patrons très sympas.