En Ardèche, les dégâts causés par les sangliers dans les cultures auraient baissé, mais les agriculteurs restent vigilants.
L’Ardèche est l’un des cinq départements qui accueille la plus importante population de sangliers.
L’espèce trouve ici des conditions naturelles qui lui sont très favorables : couverture forestière voisine de 50 %, abondance des landes, production naturelle de fruits forestiers tels que les glands, les châtaignes ou les faines et déprise de l’activité agricole.
Ce niveau élevé de population crée des nuisances:
– Les dégâts agricoles fréquents engendrent des désagréments certains pour la profession bien qu’ils soient parfois indemnisés par la Fédération Départementale des Chasseurs.
– Les chemins ruraux, le patrimoine rural comme les murs de soutènement des terrasses, les petits canaux, sont parfois mis à mal.
– Des jardins potagers ou d’agrément sont détériorés.
– Les sangliers peuvent aussi occasionner des collisions avec les véhicules, s’installer en milieu urbain, ou encore être les vecteurs de maladies communes au porc domestique.
Parmi les dégâts recensés en 2017 – 2018
- « 1 600 pieds de salades détruits dans la nuit par les sangliers, des tomates et des haricots piétinés. Les parcelles d’un maraîcher à Ucel, près d’Aubenas, ressemblent à des champs de batailles. Depuis quinze jours, deux troupeaux d’une vingtaine de sangliers rodent aux abords de l’exploitation ».
- « Des sangliers sont venus sur le terrain de La Croix du Fraysse à Etables. C’est la pelouse du petit club ardéchois qui a connu la mésaventure. Le terrain est dévasté, retourné, labouré, comme le champ d’un agriculteur ».
Alexandre Faure de l’association « Ras l’bol des sangliers » qui regroupe une centaine de membres, des agriculteurs et des particuliers, insiste: » Les dégâts sont énormes, encore récemment un agriculteur a eu 20.000 euros de dégâts sur son exploitation à cause des sangliers et des dégâts non indemnisés ». » Les dégâts réels des sangliers dépassent certainement le million d’euros, chaque année, en Ardèche ».
Causes estimées de la surpopulation
Sont évoqués le nourrissage des sangliers, aujourd’hui interdit, qui était considéré comme de nature à éviter des dégâts aux cultures mais qui en fait a permis le regroupement des animaux et de multiplier la natalité, associé à l’usage de ne pasabattre les laies.
La déprise agricole de ces dernières années, qui laisse davantage de territoire aux bêtes, est un autre facteur.
Des lâchers illégaux sont aussi parfois évoqués:
En 2009 les agents de l’ONCFS interpelaient sur le vif des membres de l’ACCA de Gilhoc-sur-Ormèze (07) en train de lâcher des sangliers sur leur commune
Le procès a eu lieu le 30 mars 2012 à Privas. Les chasseurs ont reconnu les faits et ont justifié leur acte en indiquant qu’ils « trouvaient qu’il n’y avait pas assez de sangliers sur leur territoire de chasse ». Le sanglier était pourtant classé nuisible sur cette commune cette année là.
« Ras l’bol des sangliers » -qu’est ce que c’est ?
L’association est née le 1er février 2012. Elle a pour objet d’obtenir la réduction des populations de sangliers sur le territoire national, afin que cette espèce ne représente plus de nuisances pour les agriculteurs, les propriétaires, l’environnement, la sécurité publique et tout usager de l’espace naturel.
Pour en savoir plus: http://raslboldessangliers
Parmi leurs actions, « Ras l’bol des sangliers » avait demandé aux candidats du deuxième tour des dernières législatives des trois circonscriptions de l’Ardèche de se positionner sur la problématique des surpopulations de sangliers en insistant sur:
- l’activité économique agricole qui subirait des pertes considérables chaque année.
- « La pose, la surveillance et l’entretien des clôtures de protection, extrêmement coûteux, reviennent dans l’immense majorité des cas à l’agriculteur lui-même ».
- Le risque pour la sécurité routière, « .
- « les sangliers portent atteinte aux biens publics et privés ».
L’association estime qu’il y a « des intérêts divergents ».
« Il y a d’un côté les intérêts du loisir de la chasse qui trouve son plaisir dans la surabondance de gibier. De l’autre côté il y a les intérêts de la sécurité routière, de l’activité agricole et de la préservation des biens publics et privés qui voudraient que le nombre de sangliers soit réduit d’au moins 80 % afin que la présence de cet animal soit supportable par tout un chacun ».
Elle écrit également:
« La réduction du nombre de sangliers passe par des mesures de destruction complémentaires à la chasse : droit d’affût, piégeage, stérilisation sélective ».
Demandes et actions
Pendant longtemps, les chasseurs ont régulé la population de sangliers, ils sont moins nombreux et n’arrivent plus à faire face malgré le grand nombre de sangliers abattus. chaque année.
La FDSEA de l’Ardèche demande qu’on puisse piéger les sangliers et aussi stériliser les laies. Elle demande aussi la multiplication des battues et que les agriculteurs puissent abattre ce gibier qui rôde autour de leurs terres.
Le 12 septembre 2017, le Dauphiné Libéré écrit :
« Vendredi dernier, huit nouveaux cadavres de sangliers ont été déposés sur la voie publique, aux alentours de la commune de Lamastre. “Nouveaux” car ce n’est pas la première fois que de telles observations sont faites : les 3 et 9 juin, puis le 18 juillet, des dépouilles de sangliers avaient déjà été retrouvées à Lamastre, déposées près de la mairie notamment. Des actions alors revendiquées par la Coordination rurale Ardèche (CR07).
Par la voix de son président, Gilles Jouve, le syndicat agricole expliquait alors qu’il entendait dénoncer une surpopulation de sangliers dans le secteur et les dégâts que cela entraîne chez les agriculteurs.
Il n’en fallait pas plus pour que le patron des chasseurs ardéchois se fende d’un communiqué.
Lire aussi: Nouveaux cadavres de sangliers sur la voie publique
Réponses et actions
Le piégeage des sangliers est testé, à titre expérimental dans le Gard. Les chasseurs ardéchois y sont opposés.
Sur la saison 2015/2016, les chasseurs ardéchois disent avoir tué 25.000 sangliers, au lieu de 5.000 dans les années 90.
Ils disent indemniser les agriculteurs à hauteur de près de 300.000 euros , en moyenne, chaque année.
« Scène peu commune: une vingtaine de chasseurs ont sillonné les rues d’un lotissement du Teil, à la recherche des sangliers accusés de saccager des jardins et même d’avoir éventré un chien. Une vingtaine de chasseurs se sont positionnés dans les rues de ce quartier très urbanisé. Grâce à un arrêté préfectoral qui autorisé des battues pendant un mois, ils n’ont plus l’obligation de respecter une distance de 150 mètres avec les habitations », rappelle un journal local.
A la suite d’une réunion en 2017, en présence du préfet, tous les acteurs concernés se sont accordés pour réfléchir à des attitudes et des actions nouvelles.
…………………….
Le nombre de sangliers aurait baissé pour la première fois depuis 20 ans en Ardèche
Entre le 1er juillet 2018 et le 28 février 2019, les chasseurs ont tué en Ardèche entre 15.000 et 17.000 sangliers contre 27.000 en 2017.
Aussi nombreux, ils estiment avoir chassé aussi longtemps. Ils en déduisent qu’il y a moins de gibier…
Plusieurs raisons sont invoquées à cette baisse:
- Le nombre de prélèvements les années précédentes a fini par porter ses fruits.
- Les années de sécheresse auraient limité la fécondité des laies et limité la prolifération.
Pour l’année 2018/2019, les indemnisations aux agriculteurs devraient s’élever à 170.000 €. Elles étaient de 618.000 € la saison précédente.
Si les agriculteurs reconnaissent que les attaques des sangliers ont été moins importantes, ils restent prudents : la baisse des indemnisations est aussi due à des protections mises en place autour des cultures et notamment des vignes.
Ils craignent aussi que le nombre de sangliers reparte à la hausse.
L’association « Rasl’bol des sangliers » estime, elle, que si la population diminue c’est uniquement grâce à la sécheresse.
Alexandre Faure, le Président de l’association se veut plus prudent. La diminution du gibier est peut-être ponctuelle et ne traduit pas une tendance de fond. D’ailleurs, l’association demande toujours l’utilisation du piégage pour juguler le nombre de sangliers.
Alors, diminution réelle ou faux-semblant, l’avenir le dira !
RAD – 09/19
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