Gaz et pissenlits à Lamastre

 

L’histoire peut paraître incroyable et pourtant elle est tout ce qu’il y a de vrai, croix de bois croix de fer, si on ment qu’on aille en enfer. On vous la raconte ?

 

Un matin bien ensoleillé de ce début de mois de mars, sa bêche à l’épaule et à la lèvre un doux chant, voilà parti notre retraité plus tout jeune certes mais encore bien gaillard.  Direction : son bout de jardin où il compte bien retourner un coin de parcelle jusqu’alors inexploitée.

 

Et vas-y que je te creuse la terre, que je te bouscule les mottes, que je te fais valser les pelletées (soit dit en passant, notre homme a toujours aimé ça mais ce n’est pas le sujet), soudain…un bruit de fers qui se croisent, métallique, inexplicable. Les dents de la bêche refusent de s’enfoncer, elles se heurtent à un obstacle. Qui diable se cache là-dessous ?

 

Prudent comme à son habitude (mais ce n’est pas le sujet non plus), notre jardinier du dimanche s’agenouille et commence à dégager la zone à la main, bien précautionneusement : peut-être s’agit-il d’une grenade laissée là en 39-45, ou en 14-18, voire lors de la guerre de 70 ? Pire : peut-être est-ce un piège à loups oublié là par les Arvernes lors de leur passage éclair à Lamastre ?

 

Mais rien de tout cela : notre jardinier vient de découvrir un gisement de gaz. Oui, vous avez bien lu : Un GISEMENT de GAZ ! Des bouteilles de butane, de propane en strates horizontales, en couches serrées, en veux-tu en voilà !

           (La première bouteille découverte)                                    (Un filon mis à nu)

A l’heure où le gaz russe est hors de prix, où les Américains se proposent de nous fourguer le leur, où il faut construire des milliers de kilomètres de gazoducs, pas besoin d’avoir fait l’ENA pour voir tout de suite la valeur de ce gisement d’où il est possible d’extraire du gaz tout conditionné en bouteilles. Direct, du producteur au consommateur : ce qu’on appelle le circuit court, propre, rentable, soucieux de l’environnement. On ne peut guère faire mieux en termes de gisement de gaz, non ?

 

Inutile de vous dire que cela aurait pu être le Jackpot pour notre découvreur qui n’avait jusque-là que quatre poireaux en vinaigrette pour satisfaire sa fringale. Hélas son enthousiasme a été de courte durée.

Caramba ! Miséria totalissima ! Horreur et damnation ! …. Malheur et cornegidouille ! Il s’avère que le gisement prend la mauvaise direction, il file vers le nord-ouest : il se continue chez le voisin.

 

Et là, on en vient à la conclusion de toute cette affaire, une conclusion qui ravira sans doute les écologistes : le gisement ne sera pas exploité car X (pour ne pas dévoiler son nom), le voisin en question, n’a pas l’intention, mais alors pas du tout l’intention, d’égratigner son terrain, ne serait-ce que sur un centimètre de profondeur : c’est son coin à PISSENLITS.

 

On ne peut que ressentir du respect, un total respect pour sa détermination à refuser l’exploitation mercantile de son tout minuscule morceau de nature, minuscule mais généreux. Que valent en effet tous les gaz naturels et autres énergies fossiles du monde et que valent les sous que certains tirent de leur commerce par rapport à une bonne salade de pissenlits- œufs durs-lardons grillés délicieuse et revigorante ?

La question est posée, là, sur la table. Voilà, enfin, un vrai bon sujet de réflexion, non ?

 

RAD

 

2 commentaires sur Gaz et pissenlits à Lamastre

  1. Par les temps qui courent, quelle trouvaille prometteuse !
    Dommage que ce jour calendaire n’arrive qu’une fois dans l’année…BRAVO à la personne bien inspirée.

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