Après Paul Ribeyre , Jacques Dondoux, Raoul Galataud, Henri Charrière dit Papillon, nous vous présentons aujourd’hui Germaine Peyron – Montagnon, personnage d’exception.
Germaine Peyron – Montagnon
Pilote, infirmière, héroïne de la deuxième guerre mondiale, femme de lettre, historienne.
« Petite femme d’apparence frêle, grande dame au caractère bien trempé »
.
Elle nait à Tournon le 13 juin 1895.
En juillet 1911, son père,Marius Montagnon, est l’organisateur d’un meeting d’aviation qui se déroule à Tournon sur un terrain près des îles Féray. Plus de 8 000 spectateurs sont présents. Germaine est là, au premier rang. C’est le début d’une vocation, d’une passion pour l’aviation.
1914, c’est la guerre, Albert son frère, est mobilisé comme aviateur, titulaire de trois citations et chevalier de la légion d’honneur. Démobilisé, il initie sa sœur aux joies de l’aéroplane.
En 1939 Germaine obtient ses brevets de pilote et de parachutiste.
Infirmière-pilote à la croix rouge
Devenue L’Herbier Montagnon suite à son mariage, elle entre à la Croix Rouge.
D’abord élève de la section aviation des infirmières pilotes secouristes, elle en devient directrice-formatrice bénévole.
1939, c’est à nouveau la Guerre. Au volant de son ambulance Germaine sillonne les routes, assurant l’évacuation sur les hôpitaux parisiens des grands blessés.
C’est au cours d’une de ces missions que sa vie va changer. « Subitement, j’ai vu dans un champ, des avions français abattus. Je pensais qu’un service spécialisé s’occupait de la recherche des pilotes tués ou disparus. L’armée française n’était plus là, elle était repliée en zone libre. Je me suis convaincue qu’il y avait sûrement quelque chose à faire ».
En octobre 1940, elle crée la mission de recherches des morts et disparus de l’armée de l’air.
Au service des aviateurs tués ou portés disparus
Jour après jour, elle va se consacrer à la recherche et à l’identification des pilotes. Elle n’hésite pas à fouiller de ses mains les épaves, parfois les simples trous creusés dans la terre qui font office de tombe temporaire.
(Germaine Montagnon contrôle les pièces d’un avion pour identifier des corps)
Les corps sont mutilés, brûlés, les plaques d’identification ont fondu. Pour que les proches puissent faire leur deuil, elle s’acharne et trouve en utilisant le moindre indice: une alliance, un crayon…
L’occupant allemand ne voit pas d’un bon œil ses activités. Elle ruse, fabrique de faux ordres de missions.
Considérée comme suspecte, elle est arrêtée par la Gestapo en janvier 1941, internée puis relâchée quelques semaines plus tard faute de preuves ou plus précisément « parce qu’un officier pas tout à fait comme les autres n’avait pas voulu tenir compte d’un certain tract anglais trouvé sur moi ».
Dès sa libération, elle reprend sa tâche.
Le temps des honneurs
En septembre 1945, Georges VI, roi d’Angleterre, l’élève au rang d’Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique.
Le 22 juillet 1946, elle est élevée au grade de chevalier de la Légion d’Honneur à titre militaire, par le Maréchal Juin en personne.
La citation précisera : « Après avoir parcouru plus de 100 000 km en France, Belgique et Hollande, a réussi à retrouver et à identifier près de 500 aviateurs français et 1 300 aviateurs alliés.(…) a retrouvé trace de 300 aviateurs français et de 940 aviateurs anglais ».
Les honneurs ne s’arrêteront pas là: médaille de Vermeil de la Croix Rouge, médaille de la reconnaissance française, de l’aéronautique, médaille de passeur de l’Union nationale des évadés de guerre car en plus de ses activités de recherches, Germaine L’Herbier Montagnon organise un véritable réseau d’évasion pour les pilotes qui passait par… un confessionnal à Notre-Dame-de-Paris !
Sa mission ne s’achève qu’en 1948, à l’issue de sa 814ème enquête.
Elle restera vice-présidente de l’Amicale des infirmières pilotes secouristes de l’Air, jusqu’à sa retraite en 1952.
Historienne et écrivain
Infirmière spécialisée, pilote, parachutiste, chef de mission durant la guerre, elle revient à Tournon en 1952 et se consacre à l’écriture.
Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages aéronautiques qui lui valurent de nombreux prix.
En 1942, « Disparus dans le ciel » relate ses recherches. L’ouvrage sera saisi, brûlé et interdit par l’ occupant.
Elle écrit de nombreux autres livres qui retracent les conditions difficiles de sa mission et exaltent la mémoire d’aviateurs morts pour la France : « La Couronne t’attend« , « Cap sans retour« .
« Jusqu’au sacrifice » est un ouvrage consacré à ses consœurs Infirmières Pilotes et Secouristes de l’Air de la Croix-Rouge.
Germaine L’Herbier-Montagnon, veuve, devient Germaine Peyron-Montagnon, à la suite de son remariage en 1966, avec André Peyron.
À partir de 1970, elle se tourne vers l’histoire locale. Elle écrit sur Tournon et son patrimoine historique.
Elle collabore au JTT (journal Tain Tournon).
Elle reçoit les palmes académiques.
A un journaliste qui s’étonnait de son extraordinaire dynamisme, elle répond « Je suis de l’Ardèche, cela veut tout dire ».
Elle prend son dernier envol le 29 juillet 1986.
En juin 2013, alors que la concession de sa sépulture était arrivée à expiration, le Conseil municipal de Tournon attribue à l’unanimité le caractère d’une « concession honorifique perpétuelle ».
« Une femme exceptionnelle dotée d’un sens de détective hors du commun ».
RAD (sources diverses) 09/2020
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