L’un a d’abord valu la démission de Chantal Jouannau qui avait été chargée de son organisation et avait indiqué « Le principe d’un débat public, ce n’est pas de poser des questions aux Français, c’est les Français qui vous posent des questions, c’est eux qui s’expriment, c’est eux qui disent ce qui leur tient à cœur » .
(Lire ou relire le grand débat – il commence avec le salaire de sa présidente)
Il était limité aux thèmes choisis par le gouvernement (transition écologique, dépenses publiques et fiscalité, démocratie et citoyenneté, organisation de l’État et des services publics).
Il aurait coûté 12 millions d’euros selon le gouvernement (sans prendre en compte les frais liés aux déplacements du président de la République).
Il a monopolisé la sphère médiatique pendant plusieurs mois et encombré les chaines d’information continue avec l’omniprésence du président.
Ce Grand Débat aurait mobilisé 1,5 million de participants ( pour mémoire: près de 46 millions d’électeurs en France) . Alors succès ou pas ???
L’autre s’est déroulé sur une plateforme numérique (la même que celle utilisée par le Gouvernement) mise en place par le mouvement des Gilets Jaunes.
Il a ajouté des thèmes comme « Démocratie et Institutions », « Justice, Police, Armée », « Santé, Solidarité, Handicap » et surtout une partie « Expression Libre » ou chacun était libre de faire des propositions sur n’importe quel sujet.
A chaque proposition en ligne, tout citoyen inscrit sur le site pouvait voter pour ou contre cette proposition et émettre des arguments visibles par les autres utilisateurs. Une telle interaction n’a pas été rendue possible sur la plateforme de l’État.
Il s’est déroulé en toute indifférence, les médias en ont très peu parlé.
44 000 participants ont débattu sur la plateforme du Vrai Débat.
Les résultats de ces 2 débats ont été rendus publics.
Le Vrai Débat émet 58 propositions – En voici quelques unes :
- Suppression des rémunérations et privilèges de tous les élus (y compris le Président) après la fin d’un mandat
- Référendum d’Initiative Citoyenne dans la Constitution
- Casier vierge pour les élus et obligation pour les parlementaires à être présents lors des votes et retenues sur leurs indemnités en cas d’absence
- Prise en compte du vote blanc ou nul en tant que suffrage exprimé et invalidation d’une élection s’il est majoritaire
- Indexation des salaires et des pensions, arrêt de l’augmentation de la CSG et hausse du seuil de pauvreté au niveau du SMIC
- Pénaliser et lutter contre l’évasion et la fraude fiscale
- Supprimer le CICE ou le limiter aux petites entreprises et remboursement des sommes perçues s’il n’y a pas de création d’emplois
- Aider financièrement les agriculteurs souhaitant passer en production biologique et TVA réduite sur les produits qui en sont issus. Interdiction du glyphosate
- Réduire le « train de vie » des élus : contrôler les dépenses, supprimer l’allocation et les avantages du conjoint du Président, diminuer le montant de remboursement des frais de campagne, diminuer le nombre d’élus, de ministres, de conseillers et assistants parlementaires, diminuer le nombre de commissions, suppression des privilèges accordés aux parlementaires. Tous les élus (du président au maire) sont payés au régime général.
- Taxer drastiquement les entreprises pollueuses afin de subventionner les autres
- Baisser la TVA sur les produits de première nécessité et contrôle des marges des hypermarchés
- Sortir du libre-échange mondial en revenant aux circuits courts et aux solutions locales
- Revoir l’ensemble des niches fiscales
- Restaurer les petites lignes ferroviaires
- Mettre fin au démantèlement des services publics locaux et des services de santé de proximité
- Empêcher le pouvoir exécutif d’interférer dans le fonctionnement de la justice. Égal traitement de tous les citoyens devant la loi
- Égalité de rémunération entre les femmes et les hommes
- Revalorisation des emplois et conditions de vie des résidents dans les EHPAD
La liste complète est consultable sur https://www.le-vrai-debat.fr
Synthèse du Grand Débat
Edouard Philippe en a fait une simple présentation, il a insisté sur « un immense besoin de justice et d’équité, une immense exaspération fiscale, la défiance des Français envers la classe politique et la nécessité de construire les outils d’une démocratie plus délibérative ».
Il a évoqué un « profond malaise dans la société française, fait d’ isolement , d’ abandon », d’indifférence et de « manque de considération ».
Pour en savoir plus sur la synthèse, consulter :
Synthèses des contributions en ligne
Ce que l’on peut retenir de ces deux consultations
- La fiscalité, thème qui a intéressé le plus les participants
Sur le Grand Débat National :
- 27,8 % des participants souhaiteraient voir les plus riches contribuer davantage
- 10,3 % sont favorables au rétablissement de l’ISF (Impôt sur la fortune)
- 34,7 % estiment que tout le monde doit payer l’impôt sur le revenu
Une grande majorité des participants souhaitent une baisse d’impôt, notamment celui de la TVA, de l’impôt sur le revenu et les impôts locaux.
Du côté des gilets jaunes :
- le rétablissement de l’ISF est plébiscité à 90 %
- La renationalisation des autoroutes est la proposition la plus approuvée (95 % des votants)
On n’a pas assisté à un rejet du système fiscal actuel mais il y a eu une une réflexion en profondeur sur la fiscalité et une demande de plus de justice fiscale.
- Participation des citoyens, prise en compte du vote blanc
La demande de RIC (Référendum d’Initiative Citoyenne)a recueilli 91 % des participants au Vrai Débat et seulement 2,3 % chez les participants au Grand Débat.
89 % des votants du Vrai Débat et 69 % des votants au Grand Débat National souhaitent la prise en compte du vote blanc.
- L’écologie fait aussi partie des préoccupations des deux consultations
Malgré leur rejet des taxes sur les carburants, les gilets jaunes ne sont pas indifférents aux enjeux liés au réchauffement climatique. Ils veulent une fiscalité plus juste avec des propositions très précises de mesures fiscales dans les contributions du Vrai Débat.
Les participants au Grand Débat sont 62 % à penser que le changement climatique a des répercussions sur leur vie et 86 % croient pouvoir agir pour l’environnement.
De nombreuses propositions communes concernent le développement des transports en commun et la baisse de l’utilisation des pesticides.
Polémique sur le Grand Débat
Le gouvernement aurait-il gonflé le nombre de participants ?
Au-delà du nombre de participants, les garants du grand débat ont eux-mêmes concédé que les contributeurs n’étaient pas forcément représentatifs de la population dans son ensemble. Ils sont ainsi «plus âgés, mais aussi plus éduqués, et plus masculins que la population dans son ensemble».
La presse nationale vient de révéler que la portée des contributions sur la plateforme numérique dédiée à l’exercice était à relativiser.
Sur les 1 364 000 réponses aux questions fermées et 569 020 réponses aux propositions ouvertes, « plus de la moitié des textes rédigés sont en fait des doublons ou des champs vides« , et « plus de la moitié des textes rédigés comportent moins de dix mots« . « Certains contributeurs ont copié et collé des dizaines (voire des centaines) de fois leur texte.
La synthèse rendue par le gouvernement ne serait que partielle, parfois sur des points clefs.
Y a-t-il eu réellement 1.5 millions de participants ?
D’après France Info, ce chiffre, qui n’est d’ailleurs qu’une estimation, est un peu surévalué. On serait probablement plus proche de 1,2 million.
En cause, le nombre de contributions « physiques » (cahiers de doléances en mairie et courriers) estimé à 500 000. Emmanuelle Wargon, coordinatrice du grand débat, a compté globalement 25 contributeurs pour chacun des 18 600 cahiers citoyens, ajoutés aux 27300 courriers.
La réalité serait plus proche de 11 contributeurs par cahier…
L’ISF plus présente qu’annoncé
France Info note des « accommodements ou distorsions de réalités » de la part du gouvernement, du simple fait que sur les contributions physiques, moins de la moitié ont été numérisées et donc prises en compte.
Le gouvernement rétorque en disant que cette méthode a été validée par les garants du Grand Débat nommés en janvier.
Plus surprenant encore, la question du rétablissement de l’ISF, totalement éludée dans la présentation du premier ministre, serait une des mesures les plus citées, elle ferait même « consensus »… Justement dans les courriers et cahiers citoyens.
Macron répondra au message «assourdissant» des Français, a assuré Edouard Philippe. Cette réponse qui se fait attendre est annoncée pour la semaine prochaine.
Le Grand Débat vit donc ses derniers instants, coincé entre une mobilisation giletiste qui perdure et une drôle de campagne européenne dans une Europe qui se convulse et ne parvient pas à convaincre, encore moins à se faire aimer.
La fonction première de l’exercice proposé par le Président en réponse à la crise des Gilets jaunes était d’abord de restaurer l’image présidentielle. La rencontre avec les Français avait pour objectif aussi de les rassembler à nouveau, de les réunir, de cautériser les plaies.
Les corps intermédiaires, les élus notamment, ont été réintégrés, tout au moins symboliquement, dans une forme de mise en scène pour les besoins de la cause présidentielle.
Pour le Président, jusqu’ à présent, tout se passe comme si l’enjeu n’était pas de rompre avec sa trajectoire mais de s’efforcer à convaincre une opinion qui n’y serait rétive que par manque de… pédagogie…
La crise latente ou explicite est toujours bien présente dans les veines du corps social et l’entreprise qui tendrait à vouloir restaurer la promesse participative du «nouveau monde» mais en ne changeant rien à la programmation du macronisme pourrait être lourde de conséquences.
Le risque du rendez-vous raté est grand, voire inéluctable puisque 70% des Français pensent que le Grand Débat n’apportera pas de solutions.
Les jeux de scène sans fin à usage des réseaux et du tout-info dans un entre-soi politico-médiatique ne suffiront pas.
RAD
La suite risque d’être chaude !
La suite sera chaude c’est inéluctable! Nous sommes à un point de rupture sociale et climatique qui exige une organisation radicalement différente de celle dans laquelle nous vivons. Ce n’est pas l’invention de la nov’langue qui va modifier quoi que ce soit
de la réalité que nous vivons.
Malheureusement pour nous je crois que nous avons été roulés dans la farine par le gouvernement et il ne ressortira rien de ce débat Et nous serons contraints de continuer nos revendications Je ne regarde plus trop les infos mais eux ont occultés les vrais informations, les abus des Forces de l’ordre envers les gilets jaunes ou pas, l’incompétence de nos dirigeants Comment cela finira-t-il ça je suis incapable de la dire, mais je pense pas très bien