Histoires d’eau à Lamastre

 

Sur son blog électoral, M. le maire de Lamastre écrit :

 

« La municipalité sortante a engagé de nombreux travaux d’amélioration du réseau. Ils ont permis de faire nettement baisser la consommation, de l’ordre de -20% en 2018. Il n’existe plus de branchements en plomb depuis les travaux de décembre 2018.
La quantité d’eau provenant des sources de la commune représente près d’un tiers du volume consommé, le reste (« eau du Rhône ») étant acheté au Syndicat Cance-Doux et au Syndicat Crussol-Pays de Vernoux. En effet, les sources communales ne suffisent pas à satisfaire les besoins de tous les abonnés, notamment en période estivale.
Les trois sources se situent à Goutteneyre, à Perret et à Maisonneuve. Notre équipe a pris la décision de poursuivre l’utilisation de l’eau de ces sources et a engagé les procédures de mise aux normes des périmètres, ainsi que la réhabilitation de l’ensemble des captages, ce qui augmentera la production.
Le changement climatique et les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes sont de nouvelles contraintes. En effet, la législation nous interdit désormais l’utilisation de nos sources sur la période estivale de juin à septembre inclus.
Durant ce mandat, nous avons décidé de conserver les sources communales car il vaut mieux une bonne eau de source et on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir.

Cette présentation est incomplète. D’où provient la majeure partie de l’eau potable à Lamastre, comment est géré le service, quelle est la qualité de cette eau, quel est le prix facturé à l’usager ? Tâchons d’y voir un peu plus clair en fonction des éléments d’information dont nous disposons.

 

L’eau potable de Lamastre provient pour les 2/3 de la nappe phréatique de Saint Jean de Muzols. C’est l’eau dite « du Rhône » qui a été « amenée » par la CGE (ex Véolia) à la demande de la municipalité au début des années 90.

 

 

Un contrat d’affermage pour la distribution de l’eau et pour l’assainissement a été conclu avec la CGE qui est donc devenue le « fermier » de la commune. Jean Paul Vallon, alors adjoint aux finances, a pris une part active dans cette prise de décision.

 

Le 1/3 restant provient des sources de Goutteneyre, Perret aval et Maisonneuve.

 

Qu’implique ce contrat d’affermage ?

  • La commune assure les investissements, c’est-à-dire les travaux lourds d’aménagement et de maintien du réseau de distribution et d’assainissement. Pour pouvoir les payer, elle vote chaque année une part du tarif qui lui reviendra (la surtaxe). Le fermier est chargé de recouvrer cette part auprès de l’abonné par la facture d’eau et de la restituer à la collectivité.
  • Le fermier supporte les frais d’exploitation et d’entretien courant. Il se rémunère directement auprès de l’usager par un prix, révisable, convenu à l‘avance dans le contrat d’affermage.

 

Le contrat d’affermage du service de l’eau de Lamastre avec la CGE, qui depuis est devenue VÉOLIA, a été renouvelé en 2012 par Jean Paul Vallon. Il s’achèvera en 2023.

 

Sur internet on peut trouver un compte rendu sur le service de l’eau et de l’assainissement à Lamastre pour l’exercice 2018 (taper « Rapport annuel de l’eau à Lamastre – exercice 2018).

 

On y trouve la consommation totale d’eau, soit 106 712 m3 pour 1423 abonnés, dont 1 221 sont branchés sur le réseau d’assainissement collectif (soit 74,99 m3 par abonné).

 

 

 

On peut y trouver le résultat des analyses qui ont été effectuées pour s’assurer de la potabilité de l’eau. Le rapport indique qu’elles n’ont révélé aucune anomalie tant pour la microbiologie que pour les paramètres physico-chimiques.

 

 

 

Nous ne mettrons pas en cause ces résultats. Pour autant, selon nos informations, l’eau de cette nappe phréatique seait une des plus calcaires de la région, d’où les désagréments domestiques constatés par les utilisateurs.

On y trouve aussi le volume prélevé sur nos sources de Goutteneyre, Perret Laval et Maisonneuve, soit 45 334 m3 en 2018 (contre 34 463 en 2017).

On constate donc bien une augmentation notable des prélèvements locaux mais la répartition par quartier de la distribution de cette eau et son mélange éventuel avec celle du « Rhône » ne sont pas indiqués ce qui est dommage.

On constate aussi qu’on prélevait beaucoup plus sur nos sources dans les années 2014 (67 000 m3 au total), 2015 (idem), 2016 (59 000 m3). Pour quelles raisons, cette consommation a-t-elle diminué et pas celle de l’eau du » Rhône » ?

 

 

 

On y trouve enfin, et surtout, le prix de cette eau (eau du Rhône et eau des sources) que Véolia amène à nos robinets.

 

 

 

Pour les personnes qui sont branchées sur le réseau d’assainissement collectif (et qui donc payent ce service, contrairement à celles qui disposent d’un assainissement individuel) et pour une facture type de 120 m3, le m3 revient à 5,36 euros au 1er janvier 2018 (dont 2,01 pour le service de l’assainissement).

On y apprend que les recettes revenant à la collectivité se sont élevées à  67 138 en 2018. Les recettes revenant à Véolia se sont élevées à  332 043 en 2018.

 

Comment procède-t-on dans les villes et villages environnants ?

 

La plupart des villages de la communauté de communes de Lamastre gèrent leur service de distribution de l’eau et de l’assainissement en régie directe, c’est-à-dire qu’elles assurent elles-mêmes la distribution et les travaux d’amélioration de leur réseau. Le coût de l’eau y est bien moindre qu’à Lamastre.

 

Tournon, Annonay (depuis 2014) et Valence sont aussi en régie directe. Quant au Cheylard et Saint Péray, ils ont choisi, comme Lamastre, de déléguer ces services.

 

Au niveau des prix (2018, sauf précision autre), on constate, de manière générale, que le prix au m3 est bien plus élevé dans les communes qui ont choisi de déléguer leurs services que dans celles qui ont choisi d’en conserver l’intégralité de la gestion en créant une régie municipale :

  • Délégations de service :
    • Lamastre (rappel) : 5,36 euros le m3
    • Le Cheylard : 5,61 euros le m3
  • Régie municipale :
    • Annonay : 3,45 euros le m3
    • Valence : 3,53 euros le m3 (en 2014)
    • Tournon : 3,03 euros le m3 (en 2017)

S’agissant de Tournon, qui est en régie directe depuis 2017, on notera que la ville s’approvisionne dans le bassin du Doux, et non dans la nappe phréatique de Saint Jean de Muzols. Pourqoi Lamaste n’a pas fait de même ?

 

 

 

Quelle est la situation de la ressource en eau dans notre communauté de communes et quelles seraient les perspectives d’évolution souhaitables ?

 

 

 

 

S’il est vrai que les capacités des sources lamastroises sont limitées, notamment en été , il n’en est pas de même pour des communes comme Désaignes ou St Barthélémy- Grozon qui bénéficient d’une ressource abondante.

De plus, à très court terme (2023 – loi NOtre), la distribution de l’eau et son assainissement seront des prérogatives confiées aux communautés de communes, ce n’est donc qu’au niveau du territoire intercommunal que leur organisation doit être réfléchie avec comme objectifs principaux, la préservation de la ressource, tant en quantité qu’en qualité.

 

Ensuite nous avons clairement vu que le prix pour l’usager est bien moindre lorsque la collectivité garde la maîtrise de la gestion de la ressource au lieu de la confier à des sociétés ou multinationales dont le but premier est de faire des bénéfices, ce qui d’ailleurs est inhérent aux règles d’une société de marché. Avec l’air, l’eau est le bien naturel le plus précieux. Elle devrait et doit rester dans le giron de la propriété collective.

 

Que feront nos futurs élus après le 15 mars prochain ?

 

Jean Paul Vallon n’envisage pas de remettre en cause le contrat d’affermage avec Véolia. Il n’a pas davantage évoqué les opportunités du transfert de la compétence à la communauté de communes en 2023. Quelle que soit l’origine de la ressource (sources ou eau du Rhône), et sans une réflexion commune avec les autres villages, c’est la certitude que nous continuerons à avoir une eau chère et très chargée en calcaire de surcroit.

 

La liste Ensemble et unis pour Lamastre  a indiqué, elle, en réunion publique la nécessité de réduire le coût de certains services publics comme l’eau ou les ordures ménagères et de mettre en place avant le terme une réflexion au niveau intercommunal qui portera à la fois sur la valorisation des ressources locales et leur exploitation commune et sur le mode de gestion de cette ressource.

Elle s´engage à consulter les lamastrois sur ce sujet.

 

RAD

 

2 commentaires sur Histoires d’eau à Lamastre

  1. Merci pour ces informations.Lorsque je résidais à Lamastre,j’ai toujours été stupéfié par le prix de l’eau;jusqu’à faire un courrier au fournisseur pour leur demander si ce n’était pas de la contrex qui coulait dans nos robinets.Pour finir:je n aime pas l’eau d’ici,je préfère l’eau de là

  2. L’eau de source de Désaignes forcément de meilleure qualité, est proposée à deux euros de moins au m3 ! sans calcaire qui plus est. Doit-on faire cadeau à Véolia de ce pactole ? Quel pouvoir dispose la commune pour se protéger de cette récupération alors qu’elle a a sa charge les gros travaux d’aménagements du réseau repayés en fait par ses habitants? .

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