Journal d’un confiné reconfiné sous couvre-feu et +++…

 

18 janvier 2021 – la suite des aventures familiales

Toujours Mathilde, ma compagne et mes deux enfants Mathis et Léa

 

Finalement, on n’a pas mis le portrait de Castex dans le salon, pas la peine, on le voit tous les jeudis à la télé avec son copain Verantanplan qui maintenant porte des masques Lacoste – ça fait classe !

 

Léa porte aussi un polo Lacoste mais c’est une copie qu’on a ramenée des dernières vacances.

Depuis quelques jours elle ne dessine que des pompiers ou des incendies- l’effet couvre-feu sans doute !

 

Mathis a voulu imiter le ministre, il a dessiné au feutre sur son masque le logo de Nike mais comme il est toujours nul en orthographe, il a écrit Nique et ça bave quand il parle – Il est con ce gosse !

 

Mathilde mélange maintenant tous les jours quelque gouttes de gel hydroalcoolique dans son thé. Elle estime que c’est homéopathique même si l’homéopathie n’est plus remboursée. Elle dit que ça peut pas faire de mal. Le nuage de lait se transforme en une flaque de mousse dans sa tasse.

En novembre, chez elle, les tests antigéniques laissaient penser à un éventuel problème de prostate , finalement c’était pas ça mais depuis, elle se fait tester 2 fois par semaine, comme les sportifs professionnels et les politiques.

De toute manière ça coûte rien, c’est la Sécu qui paye et ça fait marcher le commerce et les stats du ministère.

 

Je travaille normalement tous les jours et suis aussi en même temps au chômage partiel. Ça arrange mon patron, l’état prend en charge une grande partie de mon salaire et moi je perds rien. Il doit apprécier le patron puisque pour la première fois,  pour Noël, il nous a versé une prime de 10 euros.

 

Sarko, notre chien est indressable, confinement ou couvre-feu il sort et entre quand il veut et  sans attestation et même sans collier, il l’a perdu.

 

Le portrait de Raoult dans le salon a pris un sacré coup de chloroquine, le prof perd ses cheveux et ça tâche la moquette. Va falloir le changer, le tableau pas le prof !

 

Moi, je sais plus si on est confiné, déconfiné,  reconfiné, sous couvre-feu et à quelle heure.

Dans le doute, hier, pour aller à la cave, je suis descendu avant 18 heures et je me suis signé une attestation – on n’est jamais assez prudent !

Je vais avoir besoin de m’arrêter un peu car une journée normale de travail plus le chômage partiel, ça  change pas la paye mais ça use psychologiquement. J’ai entendu dire que la Sécu offrait quelques jours d’arrêt si on pensait qu’on pouvait être positif au Covid . Il suffit de les appeler mais ils répondent pas souvent, c’est comme pour les rendez-vous pour les vaccins.

 

Vivement Jeudi prochain pour la suite des aventures de Castex  dans la série « Y-a-t’-il un pilote dans l’avion » et de Vérantanplan dans « ma seringue est trop courte- j’ai pas commandé les bonnes »…

 

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13 novembre 2020 – la suite de « C’était en mars – avril 2020, il y a seulement quelques mois » 

 

Toujours Mathilde ma compagne et mes deux enfants Mathis et Léa

 

Nous sommes partis en vacances cet été comme le gouvernement nous y avait incité, à notre retour ma belle mère est décédée du Covid…

 

La maitresse de Mathis est en dépression, elle travaille plus et n’a pas été remplacée. Mathis étudie par ordinateur, ça m’évite bien de lui faire faire ses devoirs. C’est super, y a plus de conjugaison à réciter, de toute manière j’avais bouffé des pages de ce fameux bouquin de conjugaison.

 

Léa prend des cours de dessin, elle n’arrête pas de dessiner des masques. On est fier car on pense qu’elle pourrait se destiner plus tard à une carrière dans la mode. Elle peint aussi des visages sans nez et sans bouche, et ça a de la gueule !

En plus de dessiner des masques, elle les collectionne et fait plein d’échanges avec ses copines et les personnes âgées du quartier.

 

Mathilde refuse désormais de cuisiner car le gel hydro-alcoolique lui a brûlé les mains, du coup on va régulièrement chez Mac-Do car les autres restos sont fermés mais ça n’arrange pas mon cholestérol !

J’ai perdu deux dents de devant mais c’est pas grave, avec le masque ça se voit pas.

 

J’ai repris le travail, on croise les collègues dans les transports en commun mais on n’est plus embêté avec leurs histoires de couple ou de pognon, avec le masque on les reconnait pas.

J’aurais pu télétravailler mais ça n’intéresse pas mon patron, il préfère toucher mon chômage partiel même si je bosse comme avant toute la journée.

J’ai dû racheter plein d’outils, de clous et de vis pour pouvoir de nouveau bricoler, je les avais tellement bien rangés que je ne retrouvais plus rien. Heureusement les rayons bricolage des grandes surfaces sont classés essentiels.

C’est pas comme pour les bouquins mais nous on lit pas, on regarde la télé !

 

On a acheté un chien. Cet imbécile il ne voulait pas rentrer à 21 heures et demandait à sortir avant 6 heures du matin pendant le couvre-feu. Heureusement, depuis peu on est reconfiné et le chien ne sort plus sauf pour aller chercher le journal dans un commerce essentiel, à moins d’un kilomètre de chez nous et avec une attestation qu’on a téléchargée sur le smartphone qu’on a installé sur son collier à la place de sa médaille.

En plus, il nous promène chacun à tour de rôle pendant une heure, c’est pratique avec l’attestation qu’il a toujours sur lui.

 

Il a bouffé le Bescherelle et un paquet de masques et refuse de se laisser dessiner par Léa.

 

On a affiché le portrait de Raoult dans le salon, on est en train de faire encadrer celui de Castex.

 

Lundi dernier,  avec Mathilde, on est allé faire les courses au supermarché, un magasin essentiel. On a fait le plein de pâtes et de papier Q  mais quand on est rentré à la maison et quitté le masque c’était pas Mathilde, on s’était perdu de vue dans le magasin, c’est marrant !

Depuis, on commande tout sur Amazon.

 

On se fait tester régulièrement et on n’attend plus qu’une dizaine de jours désormais pour avoir les résultats. Une fois ils se sont trompés, on a bien cru que Mathilde avait un problème de prostate.

 

On est prêt pour le reconfinement et fêter Noël au mois d’août, j’ai quand même repris rendez-vous chez le psy car j’ai à nouveau les dents qui grattent. Le chien veut venir aussi, sans doute en raison  du canapé !

Je vais peut être acheter un fusil pour pouvoir aller me promener en forêt, je me me ferai passer pour un chasseur, et avec le chien ça devrait le faire, sauf qu’il faudra peut être le débaptiser ce chien… on l’a appelé Véran et si on se fait contrôler et qu’il doive décliner son identité, ça craint un peu. On savait pas qu’il y avait un ministre qui s’appelait pareil. On croyait que Macron était aussi ministre de la santé !

Mathilde vient d’apprendre que Sarko est devenu innocent – voilà le nom qu’il lui faut à notre chien  et en plus ça fait bien chien de chasse, mieux que Bismuth !

 

Hier, j’ai écouté Castex, finalement je ne peux pas l’encadrer !

 

 

C’était en mars – avril 2020, il y a seulement quelques mois:

 

Mathilde ma compagne et mes deux enfants Mathis et Léa

 

– JOUR 1

Mercredi 18 mars. Premier jour à quatre à la maison. Journée ensoleillée, les enfants ont pu profiter du jardin. Pas encore de nouvelles de la maîtresse, j’imagine qu’il faut le temps de s’organiser. Ce midi, apéritif en famille, jeux l’après-midi ; Mathilde avait fait un gâteau au chocolat pour le goûter. Petit air de vacances !

 

– JOUR 2

 

Jeudi 19 mars. Première tonte de l’année ! J’adore l’odeur de l’herbe coupée. Les arbres sont en bourgeons, les tulipes sortent de terre ! Foot avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme toujours. La vie s’organise tranquillement.

 

– JOUR 3

Vendredi 20 mars. Les premiers devoirs sont tombés pour Mathis : révisions sur les divisions. Surtout rester calme… Léa fait des dessins pour papa et maman. Trop mignon.

 

– JOUR 5

Dimanche 22 mars. Le jardin est au carré, on dirait Versailles ! Comme quoi il y a toujours du bon à prendre ! Mathilde a les mains dans la farine la moitié du temps : gare aux kilos en trop !

Léa a épuisé la moitié du stock de pages blanches, c’est moche pour la planète. Côté divisions, on rame…

 

– JOUR 7

Mercredi 25 mars. Si Mathis me demande encore une fois ce qu’est un dividende, je lui fais manger son cahier ! Léa a enfoncé toutes les pointes de feutres et chouine à longueur de journée.

Mathilde s’est lancée dans la confection d’un gâteau roumain à la purée de marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence à sembler long.

 

– JOUR 10

Samedi 28 mars. Je crois que mon fils est con, j’ai abandonné la division. On a une semaine de retard sur le travail envoyé par la maîtresse. J’ai vomi le gâteau aux marrons.

 

– JOUR 11

 

Dimanche 29 mars. La caisse à outil est nickel, j’ai rangé mes clefs plates par ordre de grandeur, les marteaux par ordre croissant de poids. J’ai trié tout ce qui pouvait se trier dans la maison : clous, vis, boutons, punaises (par couleurs), slips.. Je commence à voir flou.

 

 

– JOUR 14

Mercredi 1er avril. On continue sur le passé simple. La décence m’oblige à me taire. ..

 

– JOUR 15

Je rédige une lettre à l’attention du pape pour faire canoniser la maîtresse de mon fils. J’ai envie d’écouter Céline Dion en passant l’aspirateur dans le garage. Je crois que ça va pas le faire.

 

– JOUR 16

Vendredi 3 avril. « Les enfants prenâmes le goûter sur la terrasse ». Bon c’est fois-ci c’est clair, Mathis n’aura pas non plus le prix Nobel de littérature… J’ai envie d’épouser sa maîtresse…je crois que je commence à délirer…

Léa regarde la télé toute la journée. Mathilde a commencé une pièce montée à cinq étages. Je le sens pas trop. J’ai déjà pris cinq kilos…

 

– JOUR 17

Samedi 4 avril. Je crois que j’ai chopé un Gilles de la Tourette avec ce putain de passé simple de merde !

La pièce montée s’est cassé la gueule. J’ai des hallucinations, les dessins de ma fille me parlent !

 

– JOUR 18

Dimanche 5 avril. Pour la première fois de ma vie, j’ai prié Dieu…

 

– JOUR 19

J’ai bouffé la page du livre de conjugaison. Problème réglé…

 

– JOUR 20

Passé la journée à chercher le chien, on l’a perdu !

 

– JOUR 21

Merde, c’est vrai, on n’a pas de chien ! J’attaque ma cinquième bière de la journée.

Léa ressemble à un lapin qui aurait attrapé la myxomatose.

 

– JOUR 30

 

 

36 mars. Je suis sûr d’avoir vu passer la maîtresse de Mathis dans la pâture derrière chez nous : elle promenait son Bescherelle en laisse. Je vais reprendre un Ricard …

 

 

– JOUR 31

J’ai les dents qui grattent, je transpire des yeux. Je me rends compte que mon slip est à l’envers. Comme je le porte au-dessus de mon pyjama, j’ai l’air encore plus con.

 

– JOUR 32

An 3020 après ma belle-mère. Plus de farine dans les magasins, Mathilde est prostrée sur une chaise dans la cuisine, elle fait la conversation au four. Mathis essaye de diviser le passé simple. Léa bave devant la télévision. Les stocks de Ricard sont épuisés. Au secours…

 

– JOUR 40

37 avril 2028. Oh putain on a remonté le temps ! Il se passe des trucs bizarres… Il y a une dame dans ma cuisine qui pleure en regardant le four, je ne sais pas du tout qui c’est. Et cette petite assise dans le coin qui regarde en ricanant, elle me file les jetons. De toute façon je ne sais plus comment je m’appelle. Je ne sais même plus pourquoi j’écris. C’est la fin…

 

– JOUR 50

Il s’est passé quelque chose. Il y a des gens partout, on entend « c’est fini ! », « C’est fini ! », « Plus de confinement ! ». Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je sors pour voir. Je m’y reprends à trois fois avant de savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. Je tombe dans les pommes. Direction les urgences.

 

– JOUR 60

Vendredi 15 mai. Reprise du travail depuis une semaine. Mathilde, Mathis et Léa vont bien. La vie a repris son cours normal, si ce n’est que j’ai du cholestérol, du diabète, des troubles de la personnalité (mon double ne parle qu’au passé simple et cherche à diviser tout ce qu’il peut, c’est un peu pénible…) Mais bon nous en sommes sortis vivants ! Rendez-vous demain chez la psy, 15h30…

 

 

 

 

RAD – (proposé par une lectrice)