A l’approche de La Toussaint, les deux cimetières de Lamastre vont voir rappliquer quelques cohortes de visiteurs tout encombrés de pots de fleurs et de tendres souvenirs émus.
Rien de bien original à cette agitation bien de saison, à l’instar de ce qui se fait partout en France. Quelques chrysanthèmes déposés ici, quelques herbes sauvages arrachées par là, quelques instants de recueillement et puis la vie qui reprend son cours.
Rendez-vous au même endroit dans un an…
Au plan local, comme chaque année en cette occasion, notre village va afficher son triste visage des mauvais jours : celui hérité d’un passé fait parfois d’intolérance.
Les Lamastrois se diviseront clairement en deux sous-groupes :
- les uns feront leur tour à Macheville,
- les autres aux Dévières.
Deux destinations opposées, à chaque extrémité du village.
Deux lieux aux identités différentes forgées au fil de décennies de clivages où se sont toujours entremêlées religion et politique.
Journées de recueillement où chacun rejoint son camp, moments où le tissu social montre bien sa déchirure.
Il n’y a pas si longtemps il était totalement inconcevable et insupportable pour certaines familles de voir l’un des siens inhumé dans « l’autre » cimetière.
Catholiques d’un côté, protestants et laïcs de l’autre : la règle était comme scellée dans le marbre. Ce n’est pas qu’on se détestait mais, c’est l’évidence, on cherchait à rester entre soi.
Pour la paix des morts ou celle des vivants ?
Par le passé, chaque fois qu’ils se sont avérés trop exigus, les deux cimetières ont tour à tour été agrandis, permettant à chaque sensibilité de voir son pré carré conservé.
Dans un souci de ménager les susceptibilités, ces extensions coûteuses et difficiles ont toujours été préférées à un projet de nouveau lieu qui aurait pu être commun… enfin !
A l’avenir, si la question du manque de places se repose, ne serait-il pas pertinent de réfléchir à la proposition de mise à disposition d’un tout nouvel espace ?
Les mentalités ont-elles suffisamment évolué pour qu’un pareil projet soit populaire ?
Ce serait, il semble, une avancée pour le bien vivre ensemble, comme une barrière sournoise mais bien réelle entre Lamastrois, qui tomberait.
RAD
Objections, votre honneur.
La Toussaint est la fête de tous les Saints, le jour des morts est le lendemain.
La religion catholique est calée sur les deux commémorations qui effectivement dans l’esprit des gens se mélangent un peu .
Les religions laïques et protestantes n’incluent pas ces fêtes dans leurs calendriers respectifs.
Mais effectivement tout se mélange heureusement un peu.
R Bouit, agnostique, voir même athée , en attendant mieux ….
mieux que quoi?
C’est bien de raconter la petite histoire locale, mais ce serait bien aussi de rester dans ce registre neutre et objectif si possible. Nulle morale ici. Rien de triste ou de condamnable. Des faits, que des faits.
Aujourd’hui, l’extension du cimetière des Dévières fait qu’il est devenu œcuménique, athées et croyants divers s’y retrouvent, n’empêche que ces clivages continuent, aujourd’hui, à expliquer certaines situations,divisions, réticences. Les connaitres fait parti de la culture locale.
En tout cas, quelle que soit la confession, la commune de Lamastre envoie des courriers recommandés aux descendants qui n’entretiennent pas bien les tombes pour les rappeler à leur devoir d’entretien…
Encore de l’argent bien dépensé…Avec photo à l’appui jointe au courrier…
Certains descendants qui ont choisi la couleur “rouille” volontairement pour la peinture se voient donc reprocher de ne pas entretenir les ferronneries de la tombe, si cette même personne souhaite volontairement laisser pousser les plantes sauvages, alors le courroux de la commune est à son comble…