« Pour aller au lycée je prenais mon vélo. Un jour un copain est arrivé avec une chose noire et un peu bruyante: un Solex. Et ce copain, il pouvait avancer en mettant ses deux pieds sur les cale-pieds, sans toucher aux pédales.
On était sidéré et impressionné et on a tous voulu avoir cette machine qui était un véritable symbole de liberté pour les gens de ma génération« .
Produit à 7 millions d’exemplaires de 1946 à 1988, le VéloSoleX (avec un V, un S et un X majuscules), plus communément appelé Solex « la bicyclette qui roule toute seule », selon un slogan des années 1950, était très populaire chez les lycéens, étudiants et ouvriers.
Il pouvait se conduire des l’âge de 14 ans et sans permis.
Un petit moteur de 49 cm3, avec un levier, entraine la roue avant par l’intermédiaire d’un « galet ».
Le démarrage se fait par pédalage ou à la poussette en actionnant en même temps la manette de décompression au guidon.
Le VéloSoleX peut être utilisé en mode bicyclette en basculant le moteur à l’arrière à l’aide du levier.
Il n’a pas de suspensions et a la particularité d’être équipé d’une boîte à outils sous le porte-bagages.
Sa conception provoque une usure relativement rapide du pneu avant et une transmission peu efficace lorsque ce dernier est mouillé. Le gel ou un pneu tâché de boue peuvent même rendre le démarrage impossible.
Cette « 2 CV des cyclomoteurs » était vendue à un prix relativement modique (373 francs en 1960, soit deux fois le prix d’un simple vélo).
Sa fiabilité et son facilité d’entretien ont permis une diffusion importante.
En 1947, le fabricant préconisait comme carburant un mélange anti-calamine nommé « Solexine ».
Ce mélange d’essence sans plomb, pré-dosé à 6% d’huile, était vendu en bidon de deux litres ou dans les stations service où une pompe dédiée permettait de régler avec une molette le pourcentage d’huile.
La faible consommation du VéloSoleX – environ 1,4 litre / 100 kilomètres- sera un argument publicitaire .
D’autres formules ont été élaborées, telles que:
- « Son moteur particulièrement silencieux permet d’entendre les bruits de la campagne et le chant des oiseaux ».
- « Sa vitesse limitée à 30 – 35 km/h permet de jouir tranquillement du paysage et sentir la brise du vent sur sa peau, sans tenue de cuir isolant du monde ».
- « Le fait de pouvoir aider le moteur dans les côtes en pédalant empêche de s’ankyloser ».
- « En cas de panne, tandis que le motard est bloqué sur la route, avec le VéloSoleX, il suffit de relever le levier du moteur et utiliser son engin comme un vélo ».
Le film de Jacques Tati « Mon Oncle« , tourné en 1958 et dans lequel l’acteur déambule dans les rues de Paris juché sur un VéloSoleX, a beaucoup contribué à la promotion de la marque.
Peu efficace dès que la route s’élevait: il fallait alors aider le moteur en pédalant, dans notre région le VéloSoleX a subi très vite la concurrence directe de la non moins célèbre « Mobylette Bleue » apparue dans les années 1960, fabriquée par Motobécane.
Sa mécanique éprouvée de 49,93cm3 était souvent l’objet d’un « débridage » non autorisé du moteur pour pouvoir rouler plus vite
La « Bleue », elle aussi, est populaire et prend une place importante dans la vie sociale du milieu ouvrier, elle accompagne les sorties entre copains, le travail, les études…
Si de nombreux VéloSoleX ont été abandonnés par leurs propriétaires, il reste des passionnés isolés ou regroupés dans des clubs qui les restaurent, les entretiennent et organisent des concentrations et compétions.
En 2006, la marque Solex a repris son esthétique et créé le cyclomoteur baptisé « e- Solex », fabriqué en Chine.
En quelque sorte ancêtre du vélo électrique, le VéloSoleX n’a pas résisté à ce dernier.
RAD
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