« Les Fossoyeurs » et après que fait-on ?

 

La publication du livre « Les Fossoyeurs » vient de donner un coup de projecteur sur le phénomène de maltraitances à l’égard des personnes âgées placées dans certains établissements.

 

 

L’enquête du journaliste indépendant Victor Castanet sur le business des maisons de retraite privées met en cause les pratiques du groupe Orpéa, le numéro un mondial du secteur des Ehpad et des cliniques, un mastodonte aux 65 000 collaborateurs dans 1 100 établissements à travers la planète avec 220 Ehpad rien qu’en France.

Le but de l’auteur n’est pas de prétendre que tous les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes  sont des mouroirs où les aînés sont maltraités mais  que pour certains décideurs, la vieillesse est devenue un filon lucratif.

 

L’affaire Orpéa traduit un phénomène d’ampleur qui touche des établissements de statuts différents. Elle ne se réduit pas  à une « simple » dérive de management ou à des contrôles externes insuffisants mais interroge notre société sur comment elle entend traiter ses ainés dépendants.

 

Plusieurs facteurs expliquent ce désastre jusque-là resté bien trop silencieux:

– le modèle actuel des maisons de retraite fondé sur un seuil de rentabilité et une logique purement comptable

– le manque d’attractivité des métiers du grand âge avec leur faible rémunération, leur manque de considération et leur formation lacunaire,

– la communication et la concertation insuffisantes avec les familles de résidents,

– l’absence de véritable contrôle des organismes de tutelle (ARS, départements),

– le coût de l’hébergement pour les familles et le manque de places d’hébergement disponibles…

 

Il existe aussi une véritable maltraitance institutionnelle

 

 

Dans un rapport publié le 4 mai 2021, Claire Hédon, défenseure des droits, jugeait que les droits des résidents en EHPAD publics ou privés étaient“grandement entravés” depuis le début de la crise sanitaire et mettait en cause les directions d’établissements et aussi l’État.

 

Il n’est pas inutile de rappeler que la France est l’un des pays européens qui compte la proportion la plus élevée de personnes âgées en EHPAD (8,8 % des 75 ans et plus).

La maltraitance « peut être qualifiée d’institutionnelle chaque fois que l’institution laisse les faits perdurer sans réagir après de multiples signalements des familles des victimes » ou qu’elle résulte « du manque de moyens de l’établissement ».

 

Depuis le début de la crise sanitaire s’ajoutent de « graves entraves aux droits fondamentaux » des résidents: tests de dépistage non consentis, restrictions de sorties hors périodes de confinement, interdictions de visites pendant de longues semaines…

 

A l’approche de l’élection présidentielle, ce rapport et ces révélations vont-ils enfin nourrir le débat pour apporter de véritables solutions pérennes à la lutte contre la maltraitance de nos ainés ou va t’on remettre la poussière sous le tapis en se contentant de diligenter des commissions d’enquête et s’offusquer comme vient de la faire la ministre déléguée chargée de l’autonomie des personnes âgées ?

 

 

Va-t-on enfin mettre en place la cinquième branche de la Sécurité sociale: la branche Autonomie avec un véritable financement, promise par le candidat Sarkozy, puis par le candidat Hollande et ensuite le candidat Macron ?

 

 

 

Va-t-on enfin garantir à tous les publics concernés l’accès aux mêmes droits sur l’ensemble du territoire ? Mais ce n’est peut être pas l’intérêt de certaines institutions privées, notamment en matière de fixation de prix de journée…

 

Les associations et services publics chargés de lutter contre ce fléau vont-t-ils se donner les moyens pour plus d’efficacité dans leur action et se faire connaitre davantage du grand public ?

 

Ou va-t-on continuer à laisser nos aînés malmenés dans certains Ehpad, ces machines à cash soutenues par des fonds de pension et financées par des actionnaires qui se font appeler des investisseurs et laisser ce joyeux festin prospérer avec le soutien discret des gouvernements successifs ?

 

En attendant que peut-on faire ?

  •  Signaler les situations de maltraitance

C’est une obligation légale et non  un acte de délation, c’est un moyen, souvent le seul, pour protéger une personne vulnérable.

 

Le 3977 est un numéro national dédié à ces signalements pour lutter contre les maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap. Ce numéro est accessible du lundi au vendredi de 9h à 19h et le samedi et dimanche de 9h à 13h et de 14h à 19h.

 

Au niveau départemental, des centres Alma (« Allo Maltraitances »), adhérents à la Fédération 3977,  accompagnent les appelants dans la résolution des risques et situations de maltraitance.

 

En Drôme et Ardèche :                                                                                                

Antenne ALMA Ardèche

   tél : 04 27 61 30 94. (permanence téléphonique: les lundis 14 h – 17h)   E-mail : alma.ardeche@gmail.com

 

– Antenne ALMA Drôme

  tél : 04 75 86 10 10 (permanence téléphonique: les jeudis 9 h – 11 h 30)   E-mail : almadrome@orange.fr

  Site Web: dromalma.fr

 

La maltraitance est l’affaire de tous. Personne n’est à l’abri d’en être un jour victime, auteur ou témoin.

Le témoin doit pouvoir briser la chaine du silence pour aider la victime et parfois le maltraitant qui ne l’est pas forcément de manière volontaire.

 

Ces maltraitances ont été jusque-là largement tues ou peu médiatisées.

Lire ou relire tu-verras-maman-tu-seras-bien

Un ancien directeur d’Ehpad y écrit notamment: « peu à peu je me suis aperçu que ce business des seniors est impitoyable. Il fallait tout le temps faire des économies. On m’a fixé un coût de repas journalier à 4,35 euros, pour le petit déjeuner, le déjeuner, la collation, le repas du soir… Soit à peine un euro par repas. On a dû acheter ce qui se faisait de moins cher dans les centrales d’achat, comme du hoki, un poisson qui est franchement mauvais, et que les pensionnaires retrouvaient trop souvent dans leur assiette« .

« Pourtant, on demandait 3000 euros par mois aux familles, et l’Ehpad dégageait 400 000 euros de bénéfice net avant impôt ».

 

RAD

 

2 commentaires sur « Les Fossoyeurs » et après que fait-on ?

  1. Un vrai SCANDALE ! Et OUI il concerne aussi les établissements accueillant des adultes handicapés !
    Une des solutions ne serait-elle pas de développer en grand nombre des petites structures à taille humaine, encadrées par un personnel motivé & pluridisciplinaire ? Avec la présence d’une maîtresse de maison digne de ce nom.
    L’équipe politique qui prône cela pourrait recueillir bien des suffrages à mon humble avis.
    A suivre

    • Depuis longtemps déjà leurs profits valent mieux que nos vies et fins de vie et tout le monde le sait mais presque personne ne bouge. Il est urgent de retirer ces établissements de la griffe des financiers.

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