Il y a quelques semaines, la plage de Retourtour à Lamastre a été le théâtre d’un événement tout aussi cocasse que consternant de médiocrité.
Une baigneuse avait décidé de profiter du soleil seins nus. Mal lui en prit.
La maître nageuse appela le maire de Lamastre pour lui signaler ce manquement indubitablement gravissime aux dispositions de l’article 5 de son arrêté municipal n° 5179 qui réglemente la surveillance du plan d’eau et stipule que « Dans la zone surveillée, aussi bien que sur l’ensemble de la plage, les usagers se doivent de porter une tenue décente ».
Jugeant sans doute l’indécence à son paroxysme, notre édile fit rien de moins qu’appeler les gendarmes de Vernoux à la rescousse.
Ceux-ci vinrent bravement sur les lieux examiner l’objet du délit et demandèrent pour la forme à l’effrontée de remettre le haut tout en reconnaissant que l’arrêté de M. le maire était inapplicable.
Voilà pour les faits, qui n’ont pas, et c’est bien dommage, défrayé la chronique locale.
L’arrêté de M. le maire est inapplicable pour une raison légale.
En matière de téton libre, la loi fixe le cadre général dans l’article 222-32 du code pénal. Selon cet article, « l’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public » est passible d’une peine d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
En n’énonçant pas la « liste » des parties du corps à dissimuler, le texte ne dit à aucun moment que découvrir ses seins dans l’espace public constitue une infraction. Le courage du législateur, à tous les niveaux, est confondant.
Pour le cas qui nous intéresse, nous ne sommes pas dans n’importe quel lieu public : il s’agit d’une plage. Il y a belle lurette que le sein nu n’est plus transgressif sur le sable et qu’on ne poursuit plus personne pour çà.
Le topless ne peut y être interdit que sur règlementation formelle de la mairie. Or, l’arrêté de M. le maire de Lamastre ne le précise pas.
Et puis, au cas fortement improbable où l’affaire eut été juridiquement fondée, dérange t’on des gendarmes distants de 30 kms (aller-retour) pour venir « surveiller des nichons » ?
N’ont-ils pas autre chose à faire, n’y a t’il pas, sur place, un garde-champêtre ?
Les badauds, jeunes et surtout moins jeunes, ont-ils été plus choqués par les seins nus que par l’attroupement policier ?
Au delà du droit, cette affaire cache un débat individuel et sociétal sur la place que l’on accorde aux femmes dans la société et sur la représentation de leur corps.
Le sein nu n’est qu’une des expressions d’un désir d’affranchissement et d’égalité des sexes né au cours des années 60-70, qui, loin de se limiter aux seuls aspects vestimentaires, s’est exprimé bien plus fortement encore dans le domaine de l’accès à la culture, au monde du travail, dans celui du droit à disposer de son corps, etc.
On se rappellera les paroles du général de Gaulle à Lucien Neuwirth, député Gaulliste de la Loire, qui déposait en 1967, une proposition de loi en faveur d’une légalisation de la contraception : « Si on tolère la pilule, le sexe va tout envahir. Nous n’allons pas sacrifier la France à la bagatelle ».
7 ans plus tard, en 1974, Simone VEIL, présentait un projet de loi autorisant l’interruption volontaire de grossesse.
Revenons à nos rondeurs adorées.
Les formes féminines dans l’espace public sont aujourd’hui beaucoup plus visibles, les corps sont plus dénudés, les vêtements beaucoup plus « suggestifs ». Les seins nus sont visibles à la télévision, dans les magazines, sur Internet.
Ne sont choqués que les pudibonds, les hypocrites et les adeptes d’un conservatisme maladif, bien éloigné des avancées culturelles qui ont permis plus d’égalité entre hommes et femmes.
Interdire le topless sur la plage signe une forme d’intégrisme assimilable au refus de reconnaître l’émancipation féminine.
On nous rétorquera que çà peut choquer des enfants.
Le sein est-il un organe sexuel pour un enfant ?
N’est ce pas plutôt une forme de déviance de la part de celui qui l’analyse comme tel ?
Est-il plus indécent de dévoiler sa poitrine quand on est une femme que de « suggérer » sa paire de valseuses quand on est un homme ?
« Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets, les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées » (Tartuffe, III, v. 860-862).
Cette affaire nous rappelle un événement identique qui avait eu lieu en 2016, toujours à Retourtour.
Le maître nageur de l’époque, agissant toujours en vertu des dispositions de l’arrêté municipal en vigueur, avait demandé à des touristes de ne pas laisser leur bambin de 2 ans cul-nu sous prétexte qu’il choquait les badauds.
Voir à ce sujet: Tartufferie à Retourtour
Sans autre commentaire…
RAD
eh dire que certains hommes sont plus fournis en nichons que certaines gentes dames, j’adore la photos, finalement à Lamastre tout est une question de seins ou de cul
« …Ne sont choqués que les pudibonds, les hypocrites et les adeptes d’un conservatisme maladif, bien éloigné des avancées culturelles qui ont permis plus d’égalité entre hommes et femmes… » Tout est dit et bien dit!
Etant présent il y a 2 ans lors du premier épisode et ayant participé au rassemblement de protestation ensuite ( mecs avec sous-tif et nanas torse nu) et la personne ayant étant une amie très proche je me permet d’apporter une précision importante: depuis la loi de 1994 hommes et femmes sont égaux concernant le torse nu, c’est interdit dans les lieux publics comme les commerces les transports et la rue mais sont légaux dans les lieux de baignades et partout dans la nature par exemple pour les cueilleurs et cueilleuses de fruits dans les exploitations agricoles. Par ailleurs si les pandores ont accepté de se déplacer depuis Vernoux c’est qu’il y avait un petit mensonge dans le coup de fil au départ: on leur à dit que la dame était nue! Je trouve aussi que vous auriez pu attendre le mois de décembre pour passer l’info.
Cette affaire (allez savoir pourquoi) nous rappelle un événement d’importance survenu sur les mêmes lieux, il y a …quelques dizaines d’années. Pas de surveillant de baignade à cette époque, ni de seins exposés sur la plage mais un ring flottant au milieu de la retenue d’eau, solidement retenu par des câbles reliés aux bords. Et sur le ring : des combats de catch. Tout un dimanche après-midi, devant des centaines de spectateurs et sous un soleil de plomb. Il y avait là, entre autres, un certain Kramer dont on a oublié le prénom mais pas la boule à zéro et qui était champion du monde, en tout cas présenté comme tel. On garde surtout le souvenir précis des combats de femmes. On se souvient de leurs longues chevelures qu’elles s’empoignaient pour se faire éjecter par-dessus bord, des cris qu’elles poussaient dans leur rage de vaincre. Tout ça n’était que du « cinéma », de la rigolade. N’empêche que le spectacle de ces femmes se crêpant le chignon avec violence avait de quoi secouer la sensibilité des enfants en tout cas la nôtre. La preuve : soixante ans plus tard on s’en souvient toujours. Et c’est très bien ainsi.
Reste à se demander si les enfants qui ont eu le loisir de voir les seins dénudés dont il est question dans cet article en garderont un souvenir aussi tenace. Rendez-vous vers 2060, 2070 pour le savoir.
il faut mettre des caméras!!
Au XXIe siècle, il faut une sacrée dose de perturbation sexuelle et psychologique pour s’offusquer de la vue d’une poitrine féminine nue. Il y a des gens qui ont besoin d’un psy. Quant au prétexte hypocrite de préserver les enfants, il y a en Europe plusieurs millions d’enfants élevés dans le naturisme, ils ne font même plus attention aux corps entièrement nus, et leur équilibre psychologique est évidemment remarquable !