A l’heure où les arrêtés de certains maires interdisant l’épandage de pesticides à une certaine distance des habitations sont tous annulés par les préfets et les tribunaux, un projet de décret préconisant la mise en place de distances de 5 à 10 mètres de sécurité, selon les types de culture est à l’étude.
Ce projet fait régir.
Le maire de Langouët, le premier à avoir pris un arrêté interdisant l’usage des pesticides à moins de 150 mètres de toute habitation de sa commune, a indiqué « Cinq mètres, c’est ce qui est indiqué sur les bidons de pesticides de synthèse. Ce que le ministre de l’Agriculture est en train de faire c’est en fait de demander à respecter le mode d’emploi ».
Du côté de la FNSEA, on s’inquiète de la mise en place de zones de non-traitement. « Ce sont des retraits importants de terres agricoles, ce qui représente un manque à gagner très important, surtout dans les zones péri-urbaines ».
Que dit la loi sur l’épandage de pesticides près des lieux de vie ?
Il n’existe actuellement aucune disposition législative qui définisse une zone tampon entre les lieux de vie et les zones d’épandage de pesticides.
Seul un arrêté de 2017 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants mais sans référence aux distances d’épandage des habitations, règlemente l’utilisation de ces produits.
En voici les principaux points :
- vitesse du vent limitée à 19 km/h. Dès que le vent dépasse régulièrement cette valeur, l’épandage de pesticides est interdit.
- pulvérisation interdite 3 jours avant la récolte.
- possibilité pour un employeur de renvoyer ses salariés agricoles entre 6 h et 48 h après un épandage de pesticides sur un champ, en fonction de la dangerosité du traitement utilisé.
- « Est interdite toute application directe de produit sur les éléments du réseau hydrographique ». Ceux-ci comprennent notamment tous les cours d’eaux, les bassins de rétention d’eaux pluviales, ainsi que les avaloirs, caniveaux et bouches d’égouts.
Aucune zone tampon n’a été définie pour protéger les riverains.
Le bouleversant témoignage d’une lectrice qui avait réagi à la suite de notre article Glyphosate – Députés aux abonnés absents est particulièrement d’actualité, nous le publions à nouveau ci-après.
» En 2001 nous vivions au milieu d’une exploitation arboricole pas très loin de Lamastre, lorsque, à l’arrivée de la saison des traitements phytosanitaires, un gros nuage de couleur a volé autour de la maison.
Je n’avais absolument pas conscience que cela pouvait être dangereux, je laissais mes enfants jouer dehors toute la journée.
En Septembre 2008, une étrange boule est apparue sur le coté droit du cou de mon fils, ça ne disparaissait pas donc, coucou les Urgences nous voilà.
Après moult examens, le verdict est tombé : Lymphome de Burkitt, le cancer des ganglions, le truc que jamais on pense que ça peut arriver à un gosse de 10 ans !
Il s’en est sorti après plusieurs mois de chimio, plusieurs opérations, ainsi qu’un nombre incalculable de ponctions lombaires, des myélogrammes (un truc super douloureux, mais tout est douloureux).
Les nausées, la perte de cheveux, ça parait étrange mais ça aussi c’est douloureux !Quand on est arrivés à l’IHOP (Institut Hématologique et Oncologie Pédiatrique) de Lyon, on nous a dit : « Ne faites pas attention aux gens et aux enfants qui sont là ».
Comment ne pas faire attention à des enfants qui ont entre 0 et 15 ans, avec plus un cheveu sur le caillou, accrochés à une potence, qui lorsqu’ils vomissent font tous ce même râle qui vous retourne les tripes! Je les ai regardés, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en me disant “mon fils ne s’en sortira pas ! ».On rencontre des parents, on échange, on se soutient, on pleure avec ceux qui ont perdu leur enfant qui ne s’en est pas sorti !
J’ai eu foi en la médecine, j’ai fait confiance, sauf sur un truc, POURQUOI ?? Pourquoi ça leur arrive à eux, ces gamins innocents qui ne demandent qu’à vivre ?
Pas de réponse, juste un “c’est comme ça, c’est la vie”.Et puis on réfléchit, dans telle région c’est ce cancer là, dans d’autres c’est celui là. Mais des régions agricoles, arboricoles, viticoles, le voilà le déclic, ces maudits pesticides!!
Mon fils est en vie aujourd’hui, il me l’avait dit mon gamin “t’inquiètes pas maman on va s’en sortir” et il avait raison.
On s’en sort pas indemne, on apprend à vivre avec le souvenir de ces anges qui ne s’en sont pas sortis.
Je me rappelle souvent d’Audrey 10 ans, d’Aymen 8 ans, et de ce petit garçon de 2 ans qui était au 3ème étage, en chambre stérile, je faisais souvent ma petite lessive avec sa mamie.Quand l’ascenseur s’est ouvert ce matin là dans le grand hall de l’IHOP, et que je les ai vus en larmes avec le reste de la famille, j’ai pris mes jambes à mon cou, me suis enfuie dans les couloirs du métro et j’ai pleuré, pleuré !
Un dimanche matin, j’ai croisé un papa dans le sas du service stérile, on se lavait les mains et tout le tralala, pour pouvoir prendre nos enfants dans nos bras sans les mettre en danger, et il m’a dit “c’est dimanche aujourd’hui, il y a personne, ils sont tous à la messe”.
Je n’ai pas su trop quoi lui répondre ! Le soir, je prenais l’air dehors et il est arrivé, il m’a dit “je rigolais ce matin, car si Dieu existe vraiment, ben il a oublié de passer par la”.
Et bien aujourd’hui, les députés avaient le pouvoir de Dieu et de stopper ce poison qui tue nos enfants. Qu’ils aillent faire un tour dans les services d’Oncologie et Hématologie pédiatrique, plutôt que de s’en mettre plein les poches.
Je suis réellement plus que déçue de voir que l’argent passera toujours avant la vie!!
Je vous conseille à tous et surtout à ces politiciens de regarder le film « Nos enfants nous accuseront ». Très bon reportage qui en dit long sur notre avenir et celui de nos enfants !
A tous ces enfants disparus, morts à cause de l’argent ! »
Séverine
Bouleversant en effet et aussi terriblement interrogateur ce témoignage.
je le transfère à ma députée et vous invite tous à en faire de même.
Combien de temps encore le pouvoir de l’argent et des lobbies vont continuer à dominer ce monde et nos politiques demeurer inféodés et aveugles ?
Rentabilité et efficacité, ces mots que l’on ne cesse d’entendre depuis 1 an, s’opposent souvent à humanité et bien vivre ensemble
Merci Séverine pour ce témoignage émouvant et ne peux que vous adresser toutes mes amitiés.
Je ne peux m’empêcher de penser a certains particuliers qui se vantent de commander des désherbants hyper dangereux sur internet car en France il n’y ont plus accès .
Je ne peux m’empêcher de penser à ces agriculteurs qui font venir des insecticides à base de Diméthoate de l’étranger car en France ils sont interdits .
J’aimerais que ces gens lisent et relisent encore et encore ce témoignage jusqu’à ce qu’ils en comprennent la souffrance qu’il contient et qu’ils s’en souviennent en pensant à leurs proches à chaque fois qu’ils utilisent ces produits.
Merci Madame pour ce témoignage bouleversant et pour votre courage.
Ce témoignage bouleversant est encore plus d’actualité aujourd’hui quand un ministre démissionne parce que son gouvernement ne cesse de palabrer sur l’écologie, l’environnement mais n’ a aucune vraie politique en la matière et ne fait rien pour la sauvegarde de la planète et donc des humains que nous sommes
On nous déconseille de manger trop sucré, top salé, trop gras mais glyposaté ça va !
ça va même très bien pour la FNSEA et les industries agro-alimentaires, la preuve, l’Europe s’apprête à autoriser 10 ans de plus l’utilisation du glyphosate par les agriculteurs – pas de souci tout baigne dans le pesticide !!!!