Privilèges – Nuit du 4 août 1789

 

C’était il y a 231 ans, dans la nuit du 4 au 5 août 1789, la France connaissait un basculement inédit.

C’est la fameuse nuit dite de « l’abolition des privilèges ».

 

Le Pays est entré dans un processus révolutionnaire depuis plusieurs mois.

Des émeutes se produisent un peu partout. Des revendications remontent sous forme de « cahiers de doléances ».

 

Le Roi a convoqué les représentants des trois « ordres » – le clergé, la noblesse et le Tiers État à Versailles. Ce sont les « États généraux ».

 

 

 

 

Le 14 juillet, le peuple parisien en armes a attaqué la Bastille, symbole de la répression royale.

 

L’été s’annonce chaud !

 

 

 

 

 

La France d’alors est un pays essentiellement rural. La majorité de la population vit à la campagne et cultive la terre.

La paysannerie se soulève régulièrement depuis plusieurs décennies et chaque fois une répression atroce est dirigée contre elle.

 

Mais en cet été 1789, ces émeutes paysannes, appelées « jacqueries » prennent une nouvelle ampleur.

Dans les villages, des rumeurs se répandent: des brigands ou mercenaires envoyés par les nobles viendraient voler ou détruire les récoltes pour affamer le peuple, des armées étrangères, toujours à la solde la noblesse, chercheraient à envahir la France.

 

Le « petit peuple » crie famine et les récoltes sont vitales pour lui.

 

 

Les paysans s’arment, des émeutes éclatent.

Finalement, ils se rendent compte qu’il n’y a ni brigands ni invasion.

Aujourd’hui, on parlerait de « fake news ». Cet épisode de panique collective est appelé « la Grande Peur« .

 

Ils récupèrent les documents où sont rédigés les « droits » des seigneurs à opprimer leurs sujets – ces documents sont appelés « terriers » – et les brûlent.

Des châteaux de nobles sont pillés et incendiés.

On y prend le grain pour faire du pain, on s’autorise à chasser sur les terres du seigneur pour se nourrir.

 

Ces événements ont lieu simultanément partout dans le pays et au même moment.

Le message est clair : en brûlant les châteaux et en détruisant les terriers, les paysans veulent supprimer la féodalité. Les nobles sont terrorisés, certains fuient le pays.

La peur change de camp !

 

Les nouvelles remontent à Paris. À l’Assemblée, les députés ont peur. Ils imaginent les campagnes à feu et à sang. Que faire pour stopper cet incendie incontrôlable ?

 

Quelques nobles estiment que la seule solution pour calmer le peuple est de renoncer collectivement aux privilèges.

Dans cette nuit du 4 août 1789, les aristocrates déclarent qu’ils renoncent à leurs droits féodaux: impôts, droits de chasse, pensions militaires ou ecclésiastiques …

 

Les députés se rendent compte plus tard qu’ils se sont un peu emballés.

Et dans les textes qui suivent, ils vont bien veiller à protéger le droit de propriété et permettre de racheter les droits féodaux, ce qui, en pratique, conduit à leur maintien puisque les paysans n’ont pas les moyens de racheter ces droits aux nobles qui les possèdent.

Les droits féodaux ne seront réellement abolis qu’en 1792, avec la chute de la monarchie.

 

La noblesse n’a pas renoncé spontanément à ses privilèges, elle l’a  fait parce que la situation devenait totalement incontrôlable et qu’elle avait peur.

 

Cette nuit ne marque pas l’abolition réelle de l’Ancien Régime qui ne s’effondrera que quelques années après et de haute lutte.

 

231 ans plus tard, les privilèges ont-ils vraiment disparu ???

 

Lire aussi nos chers retraités-privilèges d’état

 

 

RAD

 

 

1 commentaire sur Privilèges – Nuit du 4 août 1789

  1. Je trouve une certaine similitude avec le mouvement des gilets jaunes où le pouvoir et ses représentants ont eu peur et on lâché quelques milliards pour les reprendre ensuite sous formes d’impôts et de taxes et en ne changeant rien au mode de fonctionnement démocratique.

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