L’Université Populaire du Vivarais a organisé à L’Espace Culturel de Désaignes, avec près d’une centaine de participants, une conférence sur le thème de « Simone Veil, éternelle rebelle » animée par Sarah Briand, journaliste et réalisatrice à France 2.
Cette conférence a fait référence à la Journée Internationale des Droits des Femmes et était inscrite dans le programme « Autour d’Elles » d’Ecran Village.
En préambule, des lectrices ont rappelé quelques exemples de femmes qui ont lutté pour la cause féminine comme Olympe de Gouges et son texte sur la Déclaration des droits des femmes et de de la citoyenne en 1791, Emmeline Pankhurst pour le droit de vote des femmes en 1928 en Grande-Bretagne, Rosa Parks dans sa lutte contre la ségrégation raciale dans les années 1950, Wangari Maathai, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la Paix en 2004 en l’honneur de sa contribution pour le développement durable, la démocratie et la paix, Kathrine Switzer, première femme américaine à avoir couru le marathon de Boston en 1967 sans l’autorisation des organisateurs, Malala Yousafsai, la plus jeune lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2014 à l’âge de 17 ans pour son combat sur l’accès à l’éducation des jeunes filles malgré la menace des talibans et la tentative d’assassinat qui l’a grièvement blessée.
Pour Sarah Briand, Simone Veil se situe dans la continuité de ces femmes qui ont lutté pour la reconnaissance et l’application de leurs droits les plus légitimes.
Durant sa conférence, elle a retracé son parcours de vie d’après les témoignages et les confidences qu’elle a pu recueillir auprès d’elle-même, de ses enfants et petits-enfants.
Rien ne destinait Simone Veil à une carrière politique. Née Simone Jacob à Nice en 1927 dans une famille juive, républicaine et laïque, elle est déportée en mars 1944 à 17 ans à Auschwitz avec sa mère et l’une de ses soeurs. Elle échappe de peu au four crématoire grâce à une kapo polonaise qui la trouve « trop jolie pour mourir » et est libérée en 1945 par les soldats des forces alliées.
Sa mère est décédée dans ce Camp de la Mort, son père a été déporté dans une destination inconnue, peut-être dans l’un des pays baltes.
De retour en France et malgré le profond traumatisme qu’elle a subi, elle poursuit des études de droit, veut fonder une famille en épousant Antoine Veil, devient magistrate, est affectée à l’administration pénitentiaire au ministère de la Justice et se bat pour l’amélioration des conditions d’incarcération des femmes et hommes détenus.
Elle devient Secrétaire Générale du Conseil Supérieur de la Magistrature jusqu’en 1974, date à laquelle elle est nommée Ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac.
Chargée de préparer un projet de loi visant à dépénaliser l’avortement et autorisant l’interruption volontaire de grossesse, sa présentation à l’Assemblée Nationale lui vaut de recevoir insultes, menaces, injures dont quelques unes à caractère antisémite de la part de certains députés masculins de son propre parti politique.
C’est qu’en 1974, la Chambre des Députés se compose de 12 femmes et 490 hommes alors que le Sénat se compose de 8 femmes et 283 hommes…
Sa ténacité, sa détermination, l’appui du Premier Ministre Chirac, le vote massif et unanime des élus de l’opposition ont permis d’aboutir à l’adoption de la loi le 29 novembre 1974 et à sa promulgation le 17 janvier 1975, voici 45 ans, une victoire pour toutes les femmes…
Mais il ne faut pas restreindre son parcours de vie à cette seule loi qu’elle n’a jamais voulu nommer « loi Veil. » Par la suite, il sera marqué par son élection comme présidente du Parlement Européen de 1979 à 1992, son retour comme ministre des Affaires Sociales, son élection à l’Académie Française en 2010 et enfin son inhumation au Panthéon avec son mari en 2018.
Des extraits du documentaire qu’a réalisé Sarah Briand pour France 2 « Simone Veil, l’instinct de vie », des échanges avec le public ont permis de mieux appréhender la personnalité de celle qui est devenue une référence pour des générations de femmes et qui a voulu pendant toute sa vie agir pour le devoir de mémoire.
Le livre de Sarah Briand « Simone Veil, éternelle rebelle » est disponible à l’ « Arbre à Feuilles » de Lamastre
Alain Jammet
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